Furfande |
Etape La Chalp (Arvieux) - Refuge de Furfande
Le 3ème jour est peut-être le plus dur. Il n'a pas l'excitement du premier, ni la fierté du deuxième et ce n'est pas le dernier. Heureusement, pour nous c'est censé être l'étape la plus facile, surtout après une nuit avec un oreiller. 5 heures au top guide, mes iAdos s'inquiètent de ce qu'il vont faire de leur après midi, quand on va arriver vers 13h.
Les estimes de Furfande |
On ne traine pas le matin, de la pluie est annoncée pour plus tard dans la journée. On enjambe le ruisseau derrière la maison, et un sentier nous permet de rejoindre le GR sans avoir à rebrousser chemin le long de la route. Notre gîte était légèrement hors GR. La nuit a reposé le dernier, qui n'a plus mal nulle part, après une longue séance d'étirements hier soir, des bains et des massages aux pieds, de l'arnica en granules...
Avec mes cannes, je suis "un bolide" d'après mes iAdos qui estiment que je vais deux fois plus vite que sans, et se réjouissent de m'attendre moins longtemps quand ils s'arrêtent aux croisements. Je concède que c'est une aide, j'ai rejoins le camp - largement majoritaire - des randonneurs mécanisés.
Le balcon de Furfande |
Dentelle |
L'étape facile ne l'est pas, la difficulté n'est pas la durée mais la technicité. Le sentier est à flan de montagne, dans des pierriers, très vertigineux par endroits, avec du vide d'un côté, des virages dans des cailloux et le ravin en dessous. J'ai le vertige et ce long passage à côtoyer le vide m'achève plus sûrement que deux cols à la suite. J'ai les jambes qui tremblent, même longtemps après, je n'ai plus d'énergie et je dois me ressaisir pour retrouver mon rythme de marche. Je me félicite de l'achat des cannes de marche qui me permettent de franchir ces difficultés en gardant mon équilibre, avec 4 appuis au lieu de deux.
La pluie nous trouve en fin de matinée, d'abord goutte par goutte, puis de façon plus constante. On se couvre, nos sacs aussi, tout en se demandant si nos chapeaux australiens tiendront le coup sous la pluie. Ils sont en feutre, plutôt conçus pour le soleil du désert, la chaleur rouge de l'outback, l'eau n'étant pas un élément familier. On s'abrite un moment dans une cabane dans la forêt, espérant laisser passer l'averse. On se lasse d'attendre, on repart, c'est moins drôle de marcher sous l'eau et dans le brouillard. Le temps se calme juste avant le col, avec sa raide ascension habituelle, dans un paysage pelé. On y croise des vélos et des chevaux et beaucoup trop de monde à mon goût.
Furfande est un ancien lieu d'estive. Un vallon à 2500 mètres d'altitude, un balcon suspendu, entouré de dentelles de montagne. La combe ressemble à un cocon perché, si ce n'est le temps menaçant, je me verrais bien allongée dans l'herbe pour me perdre dans le ciel.
Le refuge sous la pluie |
Encore une fois, on a l'avantage d'être cinq et d'être dans le passage, nous sommes vite installés : un dortoir de cinq personnes, judicieusement pensé, tout en longueur, des lits superposés suffisamment hauts pour laisser beaucoup d'espace quand on est assis sur le lit du bas, le cinquième est perché au dessus de la porte prenant l'espace au dessus du couloir. Le refuge a été refait à neuf il y a quelques années, il est beau et fonctionnel.
Fin d'après-midi, semblant d'accalmie |
A l'heure du diner |
Ils préviennent bien qui ils sont dans ce refuge : "nous ne pouvons pas cuisiner végétarien, végétalien, sans porc, sans gluten, sans lactose, sans noix, sans sel... nous pensons que le repas est un moment collectif de partage, qui prime sur l'individualisme des régimes alimentaires"... et ils expliquent qu'ils achètent local, de saison et autant que possible bio. Le dîner est super bon, avec de la viande, du formage... adieu les végétariens (sans penser aux végétaliens).
Une grande tablée de 13 personnes, 6 adultes et 7 enfants, tous blonds et éclairés de l'intérieur, chante un bénédicité avant le repas, ce qui leur vaut un regard étonné de toute la salle, en tout cas pour ceux qui ne les avait pas vu prier dehors en rond, entre deux averses.
Nuit d'éclairs et de tonnerre, mais matin clair.
Au petit matin |