mercredi 17 octobre 2018

Bad Feminist



"J'adopte l'étiquette de la mauvaise féministe parce que je suis un être humain (...). Je n'essaie pas d''être un exemple. Je n'essaie pas d'être parfaite. je ne suis pas en train de dire que je détiens toutes les réponses. je n'essaie pas de dire que j'ai raison. J'essaie tout simplement de dire ce en quoi je crois, d'apporter un peu de bien en ce monde...".

Roxanne Gay - Bad Feminist 

Me too. 
C'est le deuxième livre intelligente que je lis sur la féminisme. Intelligent et pragmatique comme savent le faire les Américaines, quand ils ne votent pas Trump.
Elle décrit très bien l'image des féministes telles qu'on aimerait nous le faire croire, une caricature de femme "qui ne se rase pas" aigrie qui déteste le sexe et les hommes". Trop facile.

"J'essaie de faire en sorte que mon féminisme soit simple. Je sais que le féminisme est compliqué, qu'il évolue et qu'il n'est pas parfait. Je sais qu'il ne résoudra pas tout. Je crois en l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. Je crois en la liberté de procréer pour les femmes, en un accès abordable et sans entraves au soins médicaux qui leur sont nécessaires. je crois qu'a travail égal es femmes doivent toucher les mêmes salaires que les hommes. Le féminisme est un choix, et lorsqu'une femme ne désire pas l'embrasser, c'est légitime mais j'ai tout de même la responsabilité de  battre pour les droits de cette femme. Je crois que le féminisme repose sur une routine au doit des femmes, même si ce sont des choix que nous en ferions pas".

Roxanne Gay - Bad Feminist 

Il s'agit juste de l'introduction du livre.
C'est un recueil de texte, écrit à différentes périodes, sur différents sujets, mais tous donnent le point de vue "féministe", une point de vue de ce qui est égalité ou ne l'est pas. Pas en terme strictement es mêmes : les hommes et les femmes sont différents, mais sur la question d'avoir les mêmes choix, les mêmes possibilités, et un traitement qui permette de s'y retrouver.

Ce qui se passe sur la reforme des retraites est un exemple assez emblématique  : une reforme pensée par un homme et son équipe, qui consultent les syndicats (comptez les femmes parmi toutes ces têtes de pont). Une reforme qui risque de pénaliser toutes les femmes qui ont eu des enfants, qui ont pris un congés de maternité ou parental, qui ont choisi le temps partiel ; soit beaucoup d'entre nous. C'est un choix qui s'est fait au sein du foyer, à un moment précis de la vie, en prenant en compte différents paramètres dont la situation économique immédiate du foyer (et pas prospective, ni  individuelle). Et même si les hommes ont tout aussi droit au temps partiel, combien sont-ils à le prendre?
Et au moment de la retraite, surtout si elle est à points en fonction de ce qu'on a cotisé, qui est l'unique comptable de ce choix du foyer?
L'entière responsabilité de ce choix du temps partiel par exemple, c'est à dire la responsabilité des impacts à long terme de son choix, porte sur la femme. Pas le foyer, pas l'homme, ou celle (si le conjoint est une femme qui ne s'est ps arrêté). La femme.



lundi 15 octobre 2018

A l'écoute

Tallin - Estonie

"Ce qu’il faut penser, ce qu’il ne faut pas penser ; ce qu’il faut faire, ce qu’il ne faut pas faire ; qui détester, qui admirer ; les causes à embrasser, le moment de s’en émanciper ; ce qui fait jouir, ce qui fait mourir, ce qui est digne d’éloges, ce qui ne mérite pas qu’on s’y arrête, ce qui est nuisible, ce qui est de la merde, comment garde l’âme pure. 
A croire que me parler ne pose de problème à personne Peut-être est-ce la conséquence du fait que depuis des années, mon expression suggère que j’ai besoin qu’on me parle. Qu’elle qu’en soit la raison, le livre de ma vie est un livre à plusieurs voix. Lorsque je me demande comment je suis arrivé où je suis, la réponse me surprend « en écoutant »."

Philip Roth – J’ai épousé un épousé un communiste

Il a fallu qu'il soit mort pour que je lise jusqu'au bout un livre de lui. Si j'aime son écriture, je n'aime pas ses histoires. Je ne les détestent pas non plus, elles me laissent je crois indifférente, c'en est une comme une autre. En son temps, je n'avais pas dépassée les trente premières pages de "La tâche".

Me parler ne pose aucun problème à personne, non plus. Plus jeune, je me suis retrouvée dépositaire de confidences que je n'avais jamais demandées. Des choses drôles, d'autres moins, parfois intimes, d'autres fois la narration faisait office d'introspection. 
Quelques soirées gâchées avec ça, je me revois coincée entre le mur et la table avec mon verre vide à la main, à écouter un monologue que je n'osais interrompre.
Des amitiés distendues après une série de confidences vite regrettées. Comment affrontée celle qui sait? C'est comme un miroir de ce qui a été dit une fois et qui ne peut être retiré.

En vieillissant, j'ai appris à esquiver, à contourner, et à aller chercher, c'est selon.


mercredi 10 octobre 2018

Emotion préhistorique

Arthur H - Amour chien fou


Alors nous irons vivre libre 
Dans un pays sauvage 
Et nos armes seront 
L'amour et le courage ! 
Mon ami, n'aie pas peur 
Je saurai te défendre 
Et d'un bon coup de botte 
Sonner les serpents à sonnette 

Arthur H - Est ce que tu m'aimes (2005)

Hier soir, concert de Arthur H à la salle Pleyel. 
Salle consensuelle pour ce dandy déjanté tout sauf consensuel.
Un grand moment de musique, de spectacle, de poésie, et d'émotions préhistoriques (c'est de lui).

J'avais oublié à quel point il dit des choses, plein de choses, poétiques, décalées et inspirantes.
Les mots qui se juxtaposent dans ces chansons n'avaient aucune chance de se retrouver à côté, même pas dans le dictionnaire.
Même choses pour les sons, moi qui ne suis pas musicienne, je me suis laissée enveloppée, emportée, résonnée (c'est un néologisme, ne pas chercher) par sa musique.
Comme une couverture, ou plutôt un tapis volant. Pour aller ailleurs, là où on rêve, là où tout est possible, là où on assomme les serpents à sonnettes d'un coup de bottes.
Cet homme est habité, j'aimerai avoir la moitié de son ancrage pour me déporter d'autant.