samedi 15 février 2020

Balade en Champsaur, sur les traces de Vivian Maier

Pisançon

Vivian Maier - photographe à la renommée récente et post mortem - a passé du temps dans le Champsaur d'où était originaire sa mère et la famille de celle -ci. 
Elle y a grandi entre enfance et adolescence, et est revenue plus tard avec son appareil photo. Une américaine dans les années 50, on peut imaginer la curiosité qu'elle suscitait et son engouement à photographier la campagne paysanne, elle qui venait de New York et d'autres grandes villes américaines.
Après plusieurs jours de ski, en cherchant la neige, on a revisité le Champsaur sur les traces de Vivian Maier.

Molines en Champsaur
A Môlines en Champsur, cul-de-sac après La Motte, il y reste une église, un auberge et une maison de l'ONF et quelques habitations, traces de vie. En bordure du Parc National des Ecrins, on remonte la Severaissette vers des villages abandonnés. 

Vue de Pisançon













Le fond de vallée, vue de Molines

Au début du Champsaur, la vallée y est plus large, et offre un horizon bleu et lointain.






















La vallée de la Severaissette, vue du  cimetière de Molines (plus petit que le jardin de mon père).
Fin de journée en février, il fait frais, le peu de neige est gélée.
Eco Musée de Pisançon




















L'Eco Musée de Pisançon fait la part belle à Vivian Maier, avec un fond de photos conséquent. L'association est dynamique en expositions, événements, stages, concours et même bourses!
Mais pour le musée, les horaires d'ouvertures restent mystérieux en dehors de l'été.
http://www.association-vivian-maier-et-le-champsaur.fr
L'Auberie - ferme encore en activité?

La Motte en Champsaur











Beaucoup de fermes sont isolées, éparpillées dans la vallée.
Certaines ne sont plus en exploitation et risquent de tomber en ruines, les jeunes paysans leur préfèrent les stabulations, plus faciles à entretenir.


















A côté de la fontaine de la Motte, un arbre de Noel original, probablement fait par les enfants de l'école d'à côté



















Molines en Champsaur


Couleurs chatoyantes une ferme à l'air accueillant capte plein sud les rayons du soleil d'hiver, face au soleil couchant.


















Saint Bonnet
En bas de la grand rue, la petite place avant celle du marché.
Une fontaine, une boucherie et une boulangerie.
Plus loin le photographe a fermé, personne n'a repris sa suite à la retraite. Il avait tenu longtemps, photo d'art, les mariages, les naissances, le numérique.
La mercerie aussi plus loin a fermé, même raison. Comme la mercière, la clientèle a vieilli. Qui va encore dans une mercerie?











La Tour à la Motte

De nombreuses bâtisses sont marquée d'un frorton avec une année 1841 ou dans la décennie qui suit. Une époque faste our le coin?
Cette ferme là avec sa tour était pour des notables dans ce coin perdu de montagne.















Saint Bonnet, dans les ruelles médiévales

Fontaines dans tous les villages, voire plusieurs. L'eau y coule ne permanence. Pour plus de sureté, la commune y inscrit euh non contrôlée, ou non potable. Les autochtones la boivent tout de même. Les estivants, eux, en sont malades, pas assez de chlore, trop de bacteries.














Pisançon - inactivité du matériel

Un vieux tracteur garé au fond d'un musée. Il y en a encore des comme ça, dans les granges, dans les cours de fermes, et sur la route. 
Ils ont l'élégance de leur âge, la nonchalance de ceux qui ont la vie devant eux. 
Je me suis mariée sur un engin comme ça, celui ou enfant j'avais passé beaucoup de temps à faire le foins : couper, retourner, botteler, ramasser. Le mien n'est plus, longtemps remisé dans sa grange, il a du finir dans une casse quelconque, cimetière pour tracteurs à la retraite.







Derrière, les loups

Entre deux toits, la crète de la vallée aux loups (celle du film de  JM Bertrand).




















Les champs


Avant les barrières électriques, elles étaient en bois. Elles le sont toujours, surtout autour des fermes.


















Molines au fond de sa vallée




Quelques maisons dans cette impasse de vallée. Le Parc des Ecrins à droite, le col à gauche pour Valgaudemar.

















Vers la cabane de Peyron Roux

Un chemin creux pour les estives, qui ne doit plus voir passer que des randonneurs. Les moutons ne passent plus par là.




















A la Motte en Champsaur

Dans son jus, une ferme à l'angle de deux rues, qui furent jadis des chemins de passage, en face du four.
Les oignons sèchent au soleil, les bottes de foin sont encore des rectangles attachés par une ficèle jaune.
















Fleuron de la vallée, inscrite au Patrimoine Mondial des Monuments Historiques, la Chapelle des Pétètes.
Il est possible de passer à côté sans la voir. Elle tourne le dos à la route, pourquoi s'arrêterait on encore à cette chapelle? Il y en a tant des chapelles et des oratoires dans la vallée, à croire qu'ils étaient si pieux.
Mais si on prend la peine de s'arrêtant sur ce petit bout de détour par L'Auberie, qu'on monte à pied le talus, on découvre la façade avec les têtes, les satinettes, leurs visages ronds, naïfs et leurs yeux fixes.

lundi 10 février 2020

Piscine Olympique

Yves Desbuquois
"Imposante, elle se dresse entre les montagnes et la route.
Insolite, elle surgit au milieu de nulle part.
Impossible de l'ignorer.
Elle s'impose aux regards.
Elle se rappelle aux souvenirs des Champsaurins.
Nombreux ont appris à nager là.
Ancien lieu de rendez vous des jeunes,
elle a vu se former des couples.
Depuis, la nature a repris ses droits.
Les artistes ont trouvé des murs pour s'exprimer,
Impossible de l'oublier.
Impossible de ne pas l'immortaliser."

Mémoires des lieux ordinaires en Champsaur - photographies de Yves Desbuquois et Denis Lebioda

Il s'agit de la piscine Olympique de Saint Léger les Mélèzes. 
Tout le monde la connait dans la vallée. The place to be, quand on était jeune.
C'était mon premier job d'été. J'avais 14 ans, je tenais les vestiaires.
Lourde charge : donner les paniers rouges aux nageurs, les récupérer avec leurs vêtements, plus ou moins bien pliés, s'assurer qu'ils avaient bien pris le bracelet avec le numéro.
Puis attendre que l'après midi se passe, avant de les leurs rendre.
Je lisais. Parfois plusieurs livres dans la journée.
Je discutais avec les copains/ines qui venaient nager.
On écoutait Kool and the Gang sur un magnétophone.
Je me déplaçais avec mon 103 SP tout neuf.

C'était l'année où une colonie de juifs intégristes séjournait dans la vallée. 
Comme ils ne voulaient pas se mélanger, ils louaient la piscine le soir après la fermeture. Nous restions donc plus tard, une fois le public parti, une fois nos derniers copains ceux qui trainent partis,  pour tenir les vestiaires, nettoyer et fermer derrière eux.
Les femmes se baignaient tout habillée, avec leurs robes à manches longues et leurs collants. Elles enlevaient juste leurs gants pour entrer dans l'eau, et gardaient leur foulard. 
Les hommes se baignaient en maillots des années 50 qui recouvraient aussi le torse.
Nous n'étions pas censés regarder, mais c'était plus fort que nous, vite une fois leur dernier panier accroché sur le rack, nous prenions les escaliers pour observer ces gens, si différents de nous, prendre possession de notre lieu à ces drôles d'heures.
C'était fascinant ces façons de faire : les femmes de noir vêtues qui nageaient avec les enfants, certaines ne savaient pas nager d'ailleurs - jeunes ou vieilles -  et les hommes entre eux. Ils parlaient une langue étrange. Ils sont venus tous les soirs, pendant une semaine, se baigner après la fermeture, jusqu'à un horaire qui me semblait tardif pour cette activité. Leur exotisme se nichait jusque dans les horaires : se baigner jsuqà 20h ? Personne ne faisait ça chez nous, d'autant plus qu'il commençait à faire frais.

J'adorais cet endroit, lieu de rencontres, point de ralliement dans l'été qui n'en finissait pas.
Immanquablement elle ouvrait ces portes au 1er juillet et les fermait le 31 août, annonçant ainsi le retour en classe.
Ma soeur y a appris à nager.
Mon père y a eu un accident grave en réparant la chaudière.
Mon frère sautait du plongeoir de 5 mètres pour épater les filles.
Ma mère trouvait l'eau trop froide.
Je faisais quelques longueurs  : un bassin olympique de 50 mètres, tout de même.
Un symbole, qui a fermé en 1998.
Vieillir c'est ça; c'est voir disparaitre le monde tel qu'on l'a connu.