mercredi 5 février 2014

Comment je me suis disputée...(ma vie sans Facebook)



Facebook a 10 ans,
 et moi toujours pas de page Facebook.

Ce n’est pas vraiment étonnant j’ai toujours été un peu « has been », réfractaire au progrès. J’ai eu un téléphone portable bien après tout le monde alors que je travaillais chez SFR, j’ai découvert les séries américaines en 2010 alors que Sexe and the City, Six Feet Under et One Tree Hill étaient déjà terminées.

Les utilisateurs de Facebook vieillissent : les jeunes s’en vont sur d’autres réseaux dont j’ai déjà oublié le nom, au profit d’utilisateurs de 55 ans et plus. Je vais donc attendre encore 10 ans pour commencer à réfléchir à la potentialité d’un compte personnel. Je serai alors dans la cible.

Moi, j’ai un blog. Et je ne réseaute avec personne.
C’est mon côté autoritaire qui prend le dessus. Je ne dialogue pas, je dis ce que je pense. 
Qui m’aime (ou pas d’ailleurs) me lise, les autres changent de page.
Il y a une forme d’arbitraire, j’assume. La contradiction se fera ailleurs, en dehors de l’espace virtuel, dans le réel pour le coup, et c’est d’ailleurs bien plus agréable.

Quelle est la différence avec Facebook ?
On y parle de soi pareillement. Mais on ne fait pas croire qu’on s’intéresse aux autres, tout en assumant mal une forme curiosité pas toujours bien intentionnée.

Avec mon blog, je n’ai pas retrouvé mes copains d’avant, je ne parle pas avec des stars comme si c’était des potes, et je ne discute pas de faits de société sur des murs bien pensants (pour ou contre le bijoutier de Nice ?)

Je parle de moi, de mes humeurs, egocentrique, égocentrée. Je prends position sur mes positions, et c’est déjà pas mal.
Je préfère parfois un bon mot à la justesse du propos et je déforme la vérité pour que la phrase sonne mieux. Je n’hésite pas à grossir le trait même si j’en prends pour mon grade (ou celui de mon iMari). Je n’en sors pas toujours grandi, mais j’y prends plaisir et vous aussi apparemment.
Pas de selfie, ni de felfie, ni de like, mais nos photos pris sur le vif (ou pas).

« 10 ans, ce réseau qui a changé nos vies » titre les Inrocks.
Il y a 10 ans, nous avons eu notre fille, et ça, ça a changé notre vie. Vraiment. Bien plus que Facebook dont à l’époque je n’avais même jamais entendu parlé. Et comme il y a eu après Facebook, les Instagram et les tumblr, chez nous aussi il y a eu une suite (et même deux) qui ont marqué nos vies, chacun à leur manière.

Aussi j’ai du mal à croire au phénomène révolutionnaire du réseau social.

Et pourtant, je me dois d’être honnête : Facebook a réellement eu un impact sur ma vie. Ceux qui me lisent depuis longtemps se rappellent sans doute de cet épisode de ma vie d’expatriée.
Ceux qui y étaient s’en souviennent. Mon hôtesse me dit qu’elle pense à moi chaque fois que tous ses invités restent jusqu’à la fin du repas, et son mari ne veut plus m’avoir à table. Quant à l’autre couple invité ce soir-là, ils ne font plus partie de nos amis (ni même de notre réseau social).

Le repas était excellent (ce détail est important) mais la conversation était pourrie, lancinante, bien pensante,… bref chiante. Et en même tant que l’hôtesse a demandé « qui veut du fromage ? » et que l’autre a dit « moi sur ma page Facebook… » . Je me suis levée et je suis partie.

J’ai bien réfléchi, j’ai fait toute l’introspection nécessaire depuis, et je sais que ce n’est pas le mot "fromage" qui m’a fait réagir.
En psy, on appelle ça un ancrage : il s’agit d’une réaction incontrôlée à un stimuli bien précis.

Et bien moi, Facebook me fait rater le dessert.


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