Lundi 14 juillet, à 9h18 je sors de chez moi, à
jeun. Ecouteurs sur les oreilles et baskets aux pieds, je pars courir : un
petit tour de mise en forme histoire d’entretenir la carcasse.
Je suis bien seule dans les rues, ceux qui ne sont
pas encore partis dorment ou regardent le défilé à la télé. Je n’ai pour
seule compagnie que deux hélicoptères, loin dans le ciel au dessus de Paris.
Je rejoins la promenade des aqueducs, sorte de
trouée verte, créée de toute pièce entre des immeubles en construction qui relie
le carrefour de la Vache Noire (au départ du Village Orange) à Paris, près de
Cité U.
Je croise deux personnes en tout et pour tout sur
mon périple d’une demi heure : un black d’une trentaine d’années qui boit
un Oasis en regardant son portable, il fait le pied de grue à côté d’un bloc de
béton, et plus loin sur un banc un vieil arabe qui boit une bière en souriant.
A mon passage de retour, aucun des deux n’a bougé,
ni la bière ni l’oasis.
Et pourtant, je ne suis pas une fusée, je cours
tranquille.
Le lendemain, mardi 15 juillet, je sors de chez
moi, il est 7h08. Oui, finies les grasses matinées, c’est jour ouvré. Et j’ai
43 ans révolus.
J’ai toujours mes écouteurs aux pieds et mes
baskets sur les oreilles (ou le contraire) et je pars faire le même tour.
C’est aussi vide que la veille, les hélicoptères
en moins.
La première personne que je vois est une femme que
je double. Elle a aussi des écouteurs et sursaute quand je le dépasse. Elle
marche probablement pour aller vers son lieu de travail.
Les deux suivantes sont des femmes, elles courent
ensemble sur la promenade justement, c’est fait pour ça.
Puis encore une autre, qui coure aussi, vite celle
là, toute en muscle, c’est une qui ne rigole pas, une qui ferait la Parisienne
en moins de 30 minutes.
Le premier homme que je rencontre est le SDF qui a
installé sa tente dans les herbes près des bancs et de l’aire de jeux.
Comment appelle-t-on un SDF qui dort sous une
tente ? C’est plus tout à fait un sans abri et pas encore un habitant de
quelque part. Il est dans une sorte de no man’s land : sa tente justement.
Il est en train de manger un morceau.
Le deuxième homme est un cadre de chez Orange,
tout en costume, cartable noir à la main, l’air pressé et impeccable.
Puis c’est tout.
Entre hier et aujourd’hui, les poubelles de la promenade
ont été incendiées, il ne reste qu’un tas noirâtre, entouré de canettes de
bières vides et d’emballages de Mac Do (il me semble).
J’imagine que ce sont des hommes qui ont mis le
feu à ces poubelles.
Ce ne sont pas les femmes, elles courent.
Qui cela peut-il être sinon ?
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