Claudine Doury, série 'Peuples" |
Chère Marie-Aude,
Un de vos
livres m’a été offert l’année dernière à Noel, il est gros, lourd encombrant
pas facile à transporter. J’ai donc mis du temps pour l’entamer, il fallait que
les conditions soient réunies : du temps et pas de déplacement ni de
voyage. Les vacances de la Toussaint tombaient bien.
Je l’ai
ouvert.
Et je ne
l’ai plus lâché.
Du matin au
soir, d’affilée sur deux journées, je l’ai terminé.
Un page turner, comme disent les anglo
saxons.
Vous êtes un écrivain pour la jeunesse. Je ne suis
plus si jeune, et si je ne suis pas encore abonnée à « Notre Temps »,
je tire rarement mes lectures du rayon jeunesse. Que fait donc ce livre entre
les « Hunger Games » et « Nos étoiles contraires » ?
Oui, vous y avez mis des illustrations, à la
Beatrix Potter - d’ailleurs votre livre pourrait être une biographie romancée, cela
n’en fait pas pour autant un livre pour enfant, ni même adolescent. Le fond, la
leçon, l’enseignement, ce qui fait le sel de cette histoire, là où elle nous
parle, nous touche, nous bouleverse,…il n’y a que les adultes qui l’ont (du
moins je l’espère).
Vous vous adressez à notre part adulte. A la part
de nous qui a grandi, qui est capable de regarder avec tendresse, sans
mélancolie l’enfant que nous avons été et les stratégies que nous avons mises
en œuvre pour vivre - ou tout simplement survivre.
Vous nous racontez si bien le désarroi que c’est parfois d’être un enfant, la difficulté d’être soi sans offenser ceux qu’on
aime (ou qu’on respecte tout simplement), et l’énergie qu’il est possible de
déployer pour s’en sortir, pour grandir sans se renier, pour devenir un adulte
sans perdre l’enfant qu’on a été.
Vous avez écrit tant de livres avant, que celui ci
me fait penser à un aboutissement qui résumerait tout ce que vous avez voulu
dire avant. Il vous aurait fallu attendre toutes ces années, vous aviez 58 ans
quand il a eté publié pour arriver à dire cela, à l’écrire comme vous l’avez fait.
Je vous suis reconnaissante de l’avoir fait avant
mes 58 ans à moi. Je grandirai mieux maintenant, non que j’eusse encore
l’espoir de gagner quelques centimètres mais mon âme s’en trouve plus riche.
Tout ce que vous racontez est d’une justesse
remarquable.
Comment les besoins d’attention et d’affection
peuvent amener à faire des mauvais choix pour de bonnes raisons et comment on
en prend conscience ou pas, pour se réveiller (ou pas) au bon moment.
Et vous êtes drôle. J’ai ri à plusieurs reprises.
Il y a peu de livres qui me font rire tout haut, il y a peu de choses en
réalité qui me font rire tout rire tout court : mon iMari en premier lieu,
et je crois que nous serons d’accord là-dessus, c’est vital dans une relation
de se marrer un peu, beaucoup, passionnément et toujours.
J’aime beaucoup votre recette du
pique-nique : « pour réussir un bon pique nique, il faut prévoir six
homards, un roulé de tête de veau, des feuilletés à la confiture, beaucoup de
bière, des jeunes gens, une vieille fille pour les surveiller, trois ou quatre
enfants faciles, quelques messieurs mûrs, des ruines à visiter (rien à voir
avec les messieurs mûrs), des fraises à cueillir, un orage en fin de
journée ».
Ses ingrédients en font la singularité, et si on
les trouve facilement encore de nos jours, le miracle est de les réunir en une
unité de lieu et de temps.
Vous ne parlez que de trouver sa propre finalité
et ce pour quoi nous sommes faits et vous commencez par :
« MAMAN
quelle est la principale fin de la vie humaine ?
MOI,
récitant
c’est de connaître Dieu ».
Juste pour l’évacuer peut être ?
Je suis prête à partager cette réflexion avec ma
fille qui a tant à dire sur l’existence de Dieu et je gage que ce genre de
débat pourrait la rendre croyante à défaut de la mettre en référence
circulaire. Je me souviens très bien de ce cours de philo en terminale où nous
avait été exposée la démonstration de la pensée de Descartes : le passage
de « Je pense donc je suis » à l’existence de Dieu m’avais ébranlée à
l’époque. Et j’étais prête à y croire.
Mais avant Dieu il y a soi.
Je pense donc je suis, et la finalité de ma vie
c’est de me connaitre et de devenir qui je suis. Vous avez trouvé les mots pour
nous dire ça.
Je vais vous citer une dernière fois, car il faut
que ce livre sorte du rayon jeunesse et embrasse plus de lecteurs.
« je
faisais cette expérience étrange qu’une joie qu’on ne peut pas partager devient
presque une chagrin ».
Hello, joli billet, merci. J'ai lu Miss Charity un peu vite, j'avais bien aimé mais tu m'as donné envie de le relire, pour de bon cette fois. Ce sera quand j'aurai fini ma bio de Jean Moulin ; j'ai dans l'idée que cela va mal finir... Joyeux Noël à vous 5.
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