Quand le diable sorti de la salle de bain
de Sophie Divry.
Une pépite. Roman improvisé, interruptif et pas serieux, nous
dit on sur la 1ère page.
Et c’est vrai.
C’est un bonbon à savourer qui ne serait pas
sucré, une histoire qui n’en est pas une, une madeleine de Proust sans le gâteau…
C’est frais, original et l’écriture créative et démonstrative.
Un
aperçu :
« il me manquait toujours de mots. Il n’y a pas de mot
pour dire « du samedi » par exemple, alors qu’il existe un adjectif
pour dire « du dimanche », dominical. Le repas dominical, tout le
monde a compris, mais comment dire la piscine du samedi ou la partie de jambe
en l’air du samedi ? (…)
Il n’y a pas d’expression désignant l’occupation qui consiste
à discuter entre amis des films qu’on n’a pas vus. Il est temps d’inventer
quelque chose pour remplacer l’expression lénifiante « j’ai commandé sur
internet ». J’ai besoin d’un verbe pour dire « jouer faux »,il
serait associé à l’apprentissage du violon ».
Je ne résiste pas non plus à vous faire partage sa tactique pour avoir la place côté fenêtre dans le
train :
« si par malheur ma place est côté couloir, je m’assois
tout près de la fenêtre et je fais semblant de dormir. Lorsque survient le
propriétaire en titre je fais semblant de dormir, il y a de grandes
chances :
1°) qu’il ne sache pas discerner quelle était sa place légitime sur la
banquette – c’est la clause dite de l’empoté ;
2°) qu’il n’ose pas me réveiller – c’est la clause de
politesse ;
3°) qu’il s’aperçoive du subterfuge mais, que par générosité
il n’en fasse pas grand cas – c’est la clause du grand seigneur, qui, contrairement
aux deux autres vous assure la jouissance définitive de la fenêtre, si long que
soit le trajet (cette dernière clause étant souvent concédée aux femmes par les
hommes, cela va sans dire)
Evidemment,, si j’ai une place « fenêtre » et
qu’un petit malin me l’a piqué, je le dégage fissa ».
Et pour ne rien gâcher au plaisir, c’est aux Editions Noir
sur Blanc, la collection Notabilia, le livre en soi est un Objet :
couverture rouge cornue, papier tout doux et quelques surprises à découvrir à
l’interieur…
A l’origine notre père obscur
de Kaoutar Harchi
Attention, mieux vaut prévenir, ce livre n’est pas une
partie de plaisir. C’est de la violence faite aux femmes ou comment en niant ce
qu’est une femme on tue la liberté de tous, y compris celle des hommes.
Divinement écrit, il nous retient le souffle, tend nos
muscles, crispe les mâchoires, hurle à l’intérieur, génère des flots
d’invectives et des salves de coups de pied, donne envie de partir loin de
quitter un monde où des choses pareilles sont possibles et en même temps de les
tuer tous.
« Et je parle, je parle, je luis dis merci de m’avoir
préparée avec dureté, avec distance, avec froideur, à ce qui désormais
m’attend. Je lui dis merci de m’avoir habitué au manque, à l’insuffisance, à la
rareté, mérci, car grâce à elle plus jamais je n’aurai faim, plus jamais je
n’aurai soif, plus jamais je ne serai seule. Je lui dis merci pour son amour
qui ne m’a jamais comblée, pour sa présence qui ne m’a jamais satisfaite, pour
ses baisers qui ne m’ont jamais consolée. Merci de m’avoir appris, en m’aimant
de si loin, en m’aimant si peu, en m’aimant si mal, à devenir ma propre mère, à
m’aimer moi même ».
La ballade d’Hester Day
de Mercedes Helnwein
Gentiment déjantée, sans le vouloir, juste pour se sentir
vivante, Hester Day semble faire n’importe quoi. Et pourtant, tout est juste,
cohérent dans son référentiel à elle. C’est un gentil road movie, comme les
Américains savent en faire, avec Happy End garanti. Certainement pas
inoubliable, mais revigorant d’optimisme quand parfois on doute de nos
semblables.
« Et je n’ai jamais vraiment cessé de souhaiter que
Jack soit éternellement à mes côtés pour me rappeler à quel point les choses
euvent être simples. A quel point on s’obstine à emberlificoter nos attentes,
dans la vie, de tout un tas de complications inutiles. »
En bonus, une play list : le titre de chaque chapitre
est inspiré d’une chanson dont on nous donne les références. Ca donne ça sous
Spotify https://open.spotify.com/user/tom.anna.carter/playlist/1onMOKmrIbt55uGde6ED97
Le cœur du Pélican
de Cécile Coulon
« le monde ne sera jamais assez vaste pour accueillir des hommes comme lui. Le monde ne comprendra jamais que les grands hommes ne sont pas ceux qui gagnent, mais ceux qui n’abandonnent pas quand ils ont perdu».
Le héros court tout du long. J’ai l’impression de faire mon jogging en lisant une chapitre. C’est bien : je fais du sport depuis mon canapé.
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