samedi 28 mars 2020

Ce fil WhatsApp va me tuer (ILOVEconfinement)

le long de le Seine - Février 2020

Je vais échapper au covid (que je pense avoir eu, by the way), mais c'est le fil WhatsApp du bureau qui va me tuer.
Une (fausse) bonne idée à l'origine. Nous sommes un collectif de consultants, confinés "jusqu'à nouvel ordre", l'intention est de garder le lien, et hop on fait un fil WhatsApp, en plus des instances rituelles qu'on renforce et mène en ligne (je n'ai jamais eu autant de temps collectif avec mes collègues!). On s'est dit qu'il fallait un lien informel...
Qui s'est ajouté au fil WhatsApp de la famille, des cousins, des copines, ...

Deux jours.
J'ai tenu 2 jours.
Deux jours à voir défiler les notifications toutes les minutes. Je ne parle même pas de lire ce qui s'échange, mais de juste voir les notifications qui s'empilent. De temps en temps, je faisais défiler le contenu. Mais c'est comme un cours de math qu'on loupe, on ne comprend rien à celui d'après, donc on passe à côté aussi, et rapidement on est hors jeu.
Je le suis d'autant plus que je ne regarde jamais les vidéos qu'on envoie, que je n'ai aucune envie d'écouter les "best songs ever" de mes collègues (et encore moins de partager les miennes!), que je déteste par dessus tout les vidéos de chats...
J'ai saturé d'images que j'ai eu plusieurs fois sur plusieurs fils WhatsApp différents.

Au final, très peu de choses utiles sur ce fil de discussion. Ce n'est pas là que j'ai repéré le site de la réserve civique, ni les paniers solidaires pour les SDF, ni des articles qui parlent de inégalités qu'accentuent cette crise, ni de comment ça nous permet de (re)penser la suite. 
Alors pourquoi mes  collègues y vont? Pourquoi ils y s'en donnent à coeur joie? 

Moi je sais exactement pourquoi je n'y vais pas. 
J'ai supprimé les notifications de la discussion du bureau. Si j'ai envie de parler avec l'un ou l'autre de mes collègues je l'appelle. Et ce qui se dira, aura plus de sens, plus de contenu, moins de légèreté que devant 30 autres personnes. Sans spectateur, on n'a rien besoin de prouver.

C'est une scène sociale ce fil. Il faut exister là, puisqu'il n'y a  plus le l'open space au bureau pour faire l'intéressant, plus les temps communs dans la cuisine pour étaler son savoir, y faire sa blagounette grasse ou intello, bref exister dans le regard des autres.
Je me dis que je fais juste comme d'habitude : je ne participe pas à la scène sociale,  je regarde et dis peu. 
Je dis encore moins que d'habitude. 
J'écoute différemment. Pour être juste je n'écoute plus le brouhaha collectif, j'ai complètement désertée cette discussion, même de façon rétroactive, je ne fais plus défiler les échanges même pas par acquis de conscience. Ce fil WhatsApp est désormais silencieux pour moi depuis presque 2 semaines. Comme s'il n'existait pas.

Je viens de découvrir comment supprimer mon numéro de cette discussion. La tentation est grande de la sortie définitive, serait ce un suicide social? 
Le confinement m'offre de nouveau la possibilité de me retirer encore plus du monde (celui du bureau).
Décidement, j'aime le confinement.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire