samedi 14 décembre 2013

Ni Dieu, ni maitre, ni smartphone


Cette affiche m’a arrêtée : au propre et au figuré.
Au propre, concrètement j’ai fait demi tour, j’ai sorti mon téléphone de ma poche et j’ai pris la photo. Incroyable. A croire que mon iMari m’influence, que je deviens mon imari, je deviens un iPouse.
 C’est vrai, avouons le, que j’ai récupéré son iPhone. Oui je sais, c’est bien celui que j’ai tant décrié l’année dernière. Mais moi c’est pour raisons PROFESSIONNELLES.
Je travaille moi avec mon téléphone : je harcèle mes clients, je donne des ordres à mes collègues, je gère ma baby sitter, j’envoie du boulot, des messages, des engueulades, des compliments, des moqueries,… depuis mon lit, en faisant la queue à la Poste, entre deux trajets aux activités extra-scolaires, pendant que je me lave les dents,…et aussi de temps en temps je téléphone.
Tandis que le imari lui, il ne téléphone, pas, ne travaille pas avec, ne lit pas les iMails et régulièrement ne reçoit pas mes iMessages.
Alors il fait quoi me direz vous ? Il lit les nouvelles. J’ai le iMari le mieux informé de l’actualité (économique, c’est ciblé comme lecture).
Ce qu’on en fait dans le vie quotidienne et familiale ? Je ne sais pas encore trop, mais il est addicted. Altantico, Les Echos, le Tribune, Le Monde, sont consultés plusieurs fois par jour (voire par heure), dès qu’il a un insant en fait. Et comme il va passer à la 4G, il va pouvoir en consulter 4 fois plus.

Et au figuré.
Nos Smartphones sont en effet nos nouveaux Dieu et Maitre. L’un ou l’autre ou les deux à la fois.
On ne peut plus s’en passer, ne serait-ce que pour s’habiller le matin, on regarde la météo. Qui ne consulte pas ses mails dès qu’il a un instant ?
On lance une alerte « find my iPhone » dès qu’il est au delà de notre regard, plus souvent qu’on ne chante « Jésus est là , Jesus revient ». Il nous siffle bien mieux que n’importe quelle figure d’autorité de toute notre vie. Et bien souvent nous sommes « bien moins smart que nos phones ». 

Quelques mètres plus loin dans la rue où j’ai pris cette photo, je marchais en y pensant encore, et je suis passé devant le campement d’un SDF, son barda était installé dans un renfoncement de mur, à moitié sur le trottoir, un matelas, des sacs en vrac, des boites de conserves à moitié mangées….
Lui même était en train de faire ses besoins (excrémenter, chier, faire caca,…choisir son registre) en pleine rue, alors que des passants passaient (c’est une pléonasme). Il était vieux, maigre et ne tenait pas bien sur ses jambes. Il n’arrivait pas à se baisser non plus. Ses excréments sont restés sur le capot de la voiture garée devant « chez lui ».
J’imagine la tête du gars quand il va reprendre sa voiture. Va-t-il sortir son Iphone pour prendre la chose en photo ? Preuve de l’infamie qui lui a été faite ?
Ca ne m’a pas fait rire, j’y pensé longtemps encore longtemps après. A aucun moment il ne m’est venu à l’idée de prendre ça en photo.


Comme quoi, la vraie vie n’est pas dans nos iPhones…

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