On ne vit pas dans une série télé, je le sais. Je
m’en rends compte tous les jours, à mon grand désarroi parfois, car quoi qu’il
arrive, les héroïnes de séries s’en sortent grandies. Moi… pas vraiment, pas
(assez) souvent.
Et d’autres non plus apparemment.
J’interviens dans un Groupe Français, très
français, pas très petit, très caricatural : un Directeur Général la
soixantaine bien portante qu’il entretient en venant en vélo délaissant son
chauffeur, 5 Directeurs Généraux ventripotents, sauf le plus jeune qui a aborde
la cinquantaine avec juste des poignées d’amour qui vont avec son nom
d’aristocrate, 15 directeurs-tout-court et enfin, à ce niveau-là quatre femmes.
C’est un Groupe Français dans lequel on fait
carrière, on y est bien traité, bien français (agapes et bonne chair), pas un
mot d’anglicisme dans le vocabulaire ce qui les a bien dérangés quand ils ont
reçu le label « Top Employer » qu’ils n’ont pas pu francisé.
Et donc après « bonne bouffe, bon vin… »
qu’est-ce qui vient dans le paysage français ?
Le cul, en français.
Sex @ the office.
Ceux qui savent compter : 4 femmes, 17
hommes, combien de possibilités ?
Je précise que c’est « vieille France »
donc pas de threesome, ni de relation homosexuelle : en somme c’est comme
dans Mad Men, juste de la bonne vieille adultère très classique, de l’homme de
pouvoir qui couche, et de la femme qui assure son ascension sociale :
promotion canapé on appelait cela chez nous, avant (avant vraiment ?).
Là où les choses se compliquent dans mon affaire,
c’est quand la femme résiste au Tout-puissant, et choisit de coucher avec un
des Saints plutôt qu’avec Dieu.
Si Dieu était Dieu, il serait magnanime et
pardonnerait volontiers, en choisirait peut-être une autre, et serait heureux
du bonheur de ces deux-là.
Mais Dieu est humain, donc jaloux et rancunier, et
comme il est puissant, il peut nuire, et il choisit de le faire à petit feu.
Dois-je préciser qu’en dehors du bureau, tout ce
petit monde est marié ? Avec enfants et pas divorcé.
A un moment cela devient triste : la femme du
Saint choisit d’écrire une lettre, digne paraît-il, à Dieu pour dénoncer,
expliquer, signifier, souligner… quoi au juste l’amour ? l’adultère ?
la relation ? la douleur ? le non-professionnalisme ? …la
situation que son (encore) mari entretient avec une de ces collaboratrices
directes. Elle donne les noms de tout le monde dans cette lettre, qu’elle
imagine destinée à Dieu exclusivement.
« Madame, avez vous oublié comment fonctionne
une entreprise ?
Tout ce qui est censé être confidentiel est
largement publique (et l’inverse est aussi vrai). Je connaissais, moi, la liaison
de votre mari avant même de l’avoir rencontré lui, ou sa collaboratrice. »
Dans le contexte où le Groupe Français se
rapproche d’une autre Grand Groupe Français pour faire un Très Grand Groupe
Français, une telle histoire si elle était reprise par les médias ou les
syndicats déstabiliserait peut-être Dieu pour ne pas avoir supprimé les pommes
de son jardin, en tout cas ses Saints qui ne résistent pas à les manger.
Si elle était unique dans ce Groupe Français,
cette histoire s’apparenterait à une histoire d’amour contrariée, et on
pourrait en faire un conte dramatique (ou une tarte aux pommes).
Malheureusement elle est commune, elle illustre
juste la culture de ce Groupe très Français : « un vrai terrain de
chasse » disent certains. Et je vous le concède, le propos est effrayant.
En bonne rationnelle, je me dis que s’il y avait
plus de femmes dans ce comité de Direction, on multiplierait les possibilités,
on diminuerait ainsi la probabilité d’occurrence du triangle amoureux : s’il y a
plus de femmes, plus de choix donc plus de chances de trouver la bonne compagne
d’adultère plutôt que de tous miser sur la même.
Voilà encore un argument pour plus d’équilibre
homme-femme dans les classes dirigeantes.