Il a fallu expliquer la Saint-Valentin. Plus que
dire que c’est la fête des amoureux, il a fallu expliquer que ce jour-là dans
l’année, on prend le temps de penser à ceux qu’on aime : à nos amours, à
nos amitiés.
Mes petits gars avaient envie de faire quelque
chose, chacun pour son amoureuse. Je leur ai proposé de leur faire un dessin,
mais devant ce manque de créativité, ils se sont insurgés : « on a en
a déjà fait».
Clairement, la Saint Valentin telle que je l’avais expliquée
méritait plus qu’un acte courant.Après un brainstorming familial, le cahier des
charges se résumait ainsi :
- une forme de cœur
- confectionné soi même (a contrario d’acheté)
- joliment emballé.
Et la conclusion est vite tombée : des
biscuits en forme de cœur.
J’ai du acheter les emporte-pièces ad hoc, car nous en avons toute une
panoplie mais plutôt sur le thème de Noel (et encore parmi se trouvent un
crocodile, un kangourou, un kiwi et une forme d’Australie…). Et le mercredi,
cuisine, cuisson et décoration. Chaque biscuit est une objet unique, de perles
de couleur, d’étoiles en sucre, de glaçage,…
Quelques pièces rangées dans un écrin (une boîte
en carton), délicatement posée sur une serviette en papier (imprimés de Noel,
je suis une mère indigne, je n’ai pas pensé à tous les détails).
L’écrin entouré d’un ruban (violet, c’est ce que
j’avais de plus fille : « tu n’as pas des rubans cœurs ? »
argh !), et décoré aussi de façon unique avec des gommettes de fleurs et
de coeurs (ouf, j’en vais quelques uns), sans le moindre pirate, voiture ou
monstre pourtant tentant en guise de
décorations.
Mes gars ravis de leur production qui vont se
coucher avec des éclats dans les yeux, contents d’eux et de la promesse que ça
porte.
Vendredi 14 février au matin, je vois arriver mon
plus grand gars, la mine encore endormie dans la cuisine « je crois que je
vais pas y arriver à lui donner la boîte ».
Je crois que je vois bien le problème. Je sens la
crainte, l’angoisse, la peur, la difficulté et finalement la somme de courage
que cela demande.
J’y ai pensé toute la journée et mon iMari aussi.
A coup de iPhone, nous avons partagé nos interrogations et nos souhaits pour
nos garçons avec leur boîte de biscuits.
Vont-ils y arriver ?
Cette boîte est si amoureusement décorée,
confectionnée, elle porte à elle toute seule toutes les déclarations dont ils
sont capables du haut de leurs (très) jeunes années. On s’inquiète en imaginant
des filles pas très délicates, ce qui pourrait dévaster leurs relations aux
filles pour les 20 ans qui viennent.
Les deux histoires se terminent bien. Le grand l’a
fait donner par sa sœur, et a échangé des petits mots avec l’heureuse élue.
Petits mots qui sont désormais rangés dans sa boîte à trésor.
Le petit a eu droit à un bisou, et il en a donné
un en retour « vous m’aviez dit de le faire» et il s’étonnait que
« son cœur battait très fort, comme quand il va à la piscine ».
Il s’agit bien de courage, il s’agit bien
d’affronter sa peur.
Et nous en tant qu’adulte quand sommes nous
courageux avec nos déclarations ?
L’année où j’ai habité Leeds (UK), j’ai apprécié
la Saint Valentin pour la simplicité du protocole proposé : on donne une
«Valentine’s » à ses amis, à ses amours.
Et finalement, c’est une belle déclaration ;
à l’époque il ne s’agissait pas d’e-mail. Sa Valentine’s card pouvait
être achetée, confectionnée, confiée à la poste ou donnée en main propre.
C’était l’instant entre amis.
J’ai des amis que je traîne depuis longtemps, qui
m’entraînent depuis longtemps. Que j’aime depuis longtemps. Mais à qui je n’envoie
jamais de Valentine’s.
Je les reconnais facilement, c’est ceux avec qui je
retrouve le fil de la conversation là où je l’ai laissé. Même si c’était il y a
un an, voire 6, voire plus encore parfois.
C’est exactement à ça qu’on les reconnaît.
La vie nous chahute, elle nous trimballe d’un
côté, de l’autre de la planète, d’un côté ou de l’autre des rêves qu’on avait
faits.
Je ne suis pas la plus sédentaire d’entre tous, ni
la plus connectée, ni la plus pendue à mon téléphone. Mes amis savent que j’écris
bien plus que je ne téléphone, mais pas forcement de Valentine’s.
Et pourtant j’ai quelque chose du renard dans le
Petit Prince, quand je vois les blés jaunes je pense à quelqu’un.
Je ne peux pas lire un bouquin sans penser à qui
il plairait, écouter des musiques sans faire le lien avec certains, des
situations en convoquent d’autres, une bière ou un sujet peuvent me ramener des
années en arrière…
Vous vous reconnaissez. Ce billet est pour vous.
C’est ma Valentine’s, une forme d’ode à l’amitié
qui ne dit pas son nom.
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