lundi 27 octobre 2014

nOranne, journal de bord #1


Bienvenue ici.
Il y a des endroits, il faut y être né pour aimer et pour s'y attacher.
Il y a des endroits que tout le monde connait, mais où personne n'a envie d'aller.
Il y a des endroits où on n'arrive pas par hasard et où on ne s'y attarde pas.
Les endroits dont on dit que "les corbeaux volent sur le dos pour ne pas voir la misère".
Il n'y a pas d'entrée dans le Routard, mais dans le guide Michelin oui.

C'est là. J'y suis.
Les voyages forment la jeunesse, celui-là me fera vieillir plus vite. Le TGV n'est pas arrivé jusque là-bas, c'est TER ou car. C'est un peu l'expédition pour s'y rendre, et il n'y a plus de e-billet pour ce genre de destination. Juste les bons vieux tickets SNCF qu'il faut composter aux bornes jaunes, et que je retourne 3 fois avant de mettre dans le sens afin que "ça schlonque".

Dans la lumière d'automne à 7h26 du matin, la gare est jolie. Ce qui l'est moins c'est la file de taxi: pas de file, pas de taxi. Juste des numéros de téléphone. Et d'ailleurs le premier n'est pas réveillée et le 2ème s'habille pour arriver, il sera là dans "10 bonnes minutes".

L'expérience est unique. je commence avant 8h, je sors il fait nuit.
Toute la journée je suis dans l'Usine.
Le bruit.
L'odeur.
Le rythme.
Je n'ai ni le temps de boire, ni le temps de pisser.
J'ai mal aux pieds dans les chaussures de sécurité.
J'ai mal au dos de passer mon temps debout.
Je me demande à quoi servent les bouchons d'oreilles. Et le gilet jaune.
Le 1er jour, je suis assommée.
Le 2ème jour, je comprends ce qui se passe.
Le 3ème jour, je n'en peux plus. Je veux partir et ne plus revenir.



Il n'y a pas de cantine à l'Usine. Juste une salle de repas, ceux qui veulent apportent leur gamelle. D'autres rentrent manger chez eux. Et sinon il y a un restaurant inter-entreprises à 5 mn en voiture. On y trouve des oeufs mayonnaise, de la macédoine  en salade, du pâté de tête, des frites tous les jours, des oeufs en neige en dessert (il doit y avoir des poules dans le coin), du vin en pichet et des grands pots de moutarde et de mayonnaise à la sortie après les caisses. C'est pour ceux qui ont besoin de "rab'  de mayo" avec leurs frites.
Au bout de deux jours de cet environnement, je n'ai plus envie de déjeuner.
Heureusement le 3ème jour ça change : on va déjeuner ailleurs.
Au Courtepaille.
J'aurai du m'en douter, avec l'Ibis toute gamme (Styles, Budget...) il y avait forcement un Courtepaille.
Je suis très contente, je n'ai jamais mangé dans un Courtepaille. On y mange tous en rond, c'est tout ce que je sais. Et j'échappe à la mayo et aux oeufs (en gélée, en mayo en neige). Poulet, purée de potiron et compote, j'en pleurerai presque de joie.

Côté hébergement c'est standardisé. L'hotel est psychédélique. Un hôtel de chaîne,  les hôtels familiaux, ce qui pourrait faire le charme de la province, ont fermé, en même temps que l'activité et les commerces.
La chambre est spacieuse et pique les yeux de ses couleurs audacieuses (et c'est moi qui dit ça). Il faut laisser couler la douche 10mn pour avoir de l'eau chaude, et le gel douche-shampoing-tout-en-un m'irrite la peau, je sors je suis toute rouge avec des plaques. J'ai "Nouvel Observateur" sur la table de nuit (depuis quand les hôtels Accor sont de gauche?).


En face de la gare, l'hôtel et en face de l'hotel un grand bâtiment rouge qui représente à la fois la modernité, la culture et la dette de la municipalité. Là se cachent un cinéma avec plusieurs salle genre multiplex, un Buffalo grill ouvert tard, un "chinois" buffet à volonté.
On teste "le chinois à volonté" le soir. Ils ont de la Tsingtao, c'est pas si mal. J'en oublie mon écharpe.
C'est une façon de me dire "Dis, quand reviendras-tu? Dis au moins le sais tu?"
Je crois que oui, et c'est bien ce qui m'ennuie.






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