dimanche 31 janvier 2021

Les femmes lisent et les hommes en parlent

 
Collage du dimanche soir

Les lecteurs sont des lectrices. Le lectorat de Lire magazine littéraire  (Baptise Liger, rédacteur chef me l'a écrit dans sa réponse à mon courrier) est majoritairement féminin. En 2017, une étude montre que les lecteurs sont à 70% des femmes. Elles achètent des livres, elles vont à la bibliothèque, elles se les passent entre elles (j'adore passer à une copine un livre que j'ai aimé), elles en offrent (90% des cadeaux que je fais).
Et pourtant les émissions phares à la télévision sont animées par des hommes. Pas étonnant qu'ensuite la sélection est majoritairement  des romans ou des ouvrages écrits par des hommes.

En faisant du  rangement, je suis (re)tombée sur un dossier de Lire magazine littéraire publié en octobre 2020 : "en plein dans le PAF", comment les livres sont promus par les médias au travers des émissions.
Le point central de ce dossier est que depuis la disparition d'Apostrophes rien ne va plus : "trente après sa disparition Apostrophes fait toujours figure de paradis perdu". Ah le paradis perdu offert par Bernard Pivot.

N'oublions pas que Bernard Pivot a reçu plusieurs fois (10 fois) Gabriel Matzneff au sujet de ses romans racontant (et faisant l'apologie de) ses relations sexuelles avec des mineurs (dont Vanessa Springora). Il n'a pas pris parti quand dans l'émission où il y avait Denise  Bombardier, celle-ci s'est insurgée sur les propos de Matzneff. A voir ici la séquence. 
C'était en 1996, la loi était claire sur les relations sexuelles avec des mineurs, mais au nom de l'art, "de la littérature" (a-t-il dit l'année dernière) Bernard Pivot le recevait dans son émission.
N'oublions pas non plus que le même Bernard Pivot s'est fendu d'un tweet en parlant de de Greta Thunberg : 
"Dans ma génération, les garçons recherchaient  les petites Suédoises qui avaient la réputation d'être  moins coincées que les petites Françaises. J'imagine notre étonnement, notre trouille, si nous avions approché une Greta Thunberg..."
Ce sont les paroles d'un monsieur de 85 ans à propose d'une jeune fille de 16 ans.

Alors "le paradis" d'Apostrophes n'est pas perdu pour tout le monde. Et visiblement, les femmes s'en passeront, et notamment les jeunes. Voire même nous nous en porterons mieux, puisque c'est nous qui lisons. 

Pour autant, qui nous parlent de livres à la télévision ou la radio ? 

Citées dans Lire, quelques grandes émissions, avec la photo de leurs animateurs. Tous des hommes.

La Grande Libraire de François Busnel. C'est celle que j'écoute de temps en temps, en podcast. Je l'écoute selon les invités, les thèmes. Il a un avantage ce François, il est le compagnon de Delphine de Vigan (sacrée écrivaine) et un copain de la Grande Sophie ("Martin, est-ce que tu viennes demain?". Il est aussi à l'origine de la revue America (RIP), magnifique revue, bonheur à lire. J'ai découvert des auteurs, de romans avec cette revue. Mais. Oui, il y a un mais : America est dominé par des interviews d'hommes, à croire qu'aux USA il n'y a que des écrivains homme. Il y a un deuxième mais. Il remercie son équipe de tournage, ceux avec qui il travaillent depuis si longtemps (20 ans je croie). Ils sont quatre. Quatre hommes. 
 
Boomerang par Augustin Trapenard sur France Inter. Il est chouette Augustin, c'est pas le sujet. Il a même reçu un prix pour son engagement dans l'égalité Homme/Femme dans son métier. Incroyable, on donne des prix aux hommes pour ça?  

Fréderic Taddei pour Interdit d'interdire. ce monsieur que je ne connais que de nom, anime d'autres émissions sur d'autre radios... Bref  il truste les ondes. Avec plus ou moins la même sélection tout du long.

 Jerome Garcin pour le Masque et la Plume (France Inter). Je ne peux rien en dire, je n'écoute que lors de retour de congés en voiture. Jerome Garcin m'ennuie, comme ses livres.

Dans l'article de fond, sont citées quelques femmes tout de même dans Télématin, ou Claire Chazal sur France 5. Deux femmes. Deux émissions animées par des femmes pour parler de livres.
Et ça continue, quand on cite France Culture (encore deux hommes pour La salle des Machines de Matias Enard, la Compagnie des auteurs de Mathieu Garrigou-Lagrange), chez RTL c'est aussi un monsieur livres qui anime deux émissions à lui tout seul.

C'est désolant. Je suis abasourdie. Je comprends pourquoi finalement je ne regarde pas la télévision ni n'écoute trop la radio. Ma cueillette de lecture est trop sporadique parmi tout ça. 

A quand une émission littéraire animée par une femme?

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