vendredi 19 mars 2021

D'autres que moi

dans la newsletter "the audacity"


D'autres que moi font des expériences littéraires. Et en parlent. 

C'est une autre, que j'ai croisé en lisant The Guardian en ligne. Elle en a fait un site, carrément. C'est une galloise, qui vit à Melbourne, elle s'appelle Sophie.

Son expérience est d'explorer l'écriture féminine (de la littérature surtout, mais aussi des essais) dans tous les pays. TOUS les pays. Elle lit donc depuis 3 ans des livres écrits par des femmes, un titre de chaque pays, soit 199. Son choix est plus large que strictement la notion de pays, plus un choix de culture ;  elle a inclus un titre du Tibet par exemple (et d'autres qui ne sont pas "politiquement" des pays). Elle a sélectionné les titres d'après des recommandations de lectrices·eurs (on peut s'interroger sur Françoise Sagan pour la France), et ensuite raconte comment elle s'est fourni les livres, ce qui semble aussi être une démarche en soi que de récupérer des traductions.  
 
Son site Readingwide est clair, simple, et ses revues ont un air scientifique (ou du moins sérieux): elles sont organisées selon un même modèle - ce que je trouve admirable et que j'envie tout en me demandant si j'en serais capable. 
Une rubrique nutshell ("en un mot") : le pitch du livre, de quoi ça parle. 
A line  : une citation. J'adore les citations, je note celles que j'aime, je les partage, et c'est souvent parce que j'ai des lignes à partager que j'en viens à parler d'un livre. 
An image : une image qui lui reste du livre, une impression visuelle, une scène, ou ce qui lui vient. 
A  thought : une pensée à partager suite à la lecture, parfois une émotion plus qu'une pensée. C'est son vécu qu'on a là. 
Et enfin a fact : un fait issu de la lecture, ce que ça lui dit, ou juste un truc à dire sur le livre. 

En lisant le contenu de chaque rubrique j'en conviens ça n'a rien de scientifique, d'autant qu'on y écrit ce qu'on veut, y compris des sentiments dans la rubrique fact : constater des sentiments qu'une lecture produit, c'est bien un fait non? 
Bref, je pourrai m'inspirer de cette façon de faire pour ma liste de lecture "d'une année sans (les hommes)", en créant mes propres rubriques. Un test de Bechdel pour la littérature? Une évaluation de l'apport à la cause des femmes de chaque bouquin? L'idée nouvelle / la représentation nouvelle que j'ai acquise? ... J'élabore bien des grilles de lecture pour mes clients quand je leur apporte du contenu je pourrai imaginer la même chose pour me lectures d'autrices de cette année. Que cette expérience "une année sans (les hommes)" devienne presque une étude socio-scientifique, ou scientifico-sociologique. 
J'en ris d'avance, c'est d'abord une lubie, engendrée par un ras-le-bol général. Une lubie qui fait sourire mon iMari, amuse mon Iadoe, indiffère l'iAdo2, et questionne iAdo3, et qui au final génère qu'eux aussi se rendent compte - tout de même-  qu'il y a beaucoup (trop) d'hommes partout.

Une autre, plus connue, a créé the audacious book club. Roxane Gay (dont j'adore Bad Feminist) a lancé en début d'année sa newsletter the audacity et son cercle de lecture. Ca fait partie des bonnes choses sur lesquelles j'ai fini l'année. Sa newsletter est gratuite, inscription ici, et il y a plusieurs niveaux d'engagement, payants, le cercle de lecture l'est, il donne accès à des discussions en ligne entre lectrices·eurs et avec les autrices·eurs. 
Elle a publié sa liste de lectures pour l'année, son critère  : les écrivain·es américains sous-représentés. Beaucoup de femmes dans les 12 titres (2 auteurs hommes, d'après les prénoms), des blacks et certainement d'autres cultures, des transgenres et d'autres encore. Quand j'ai regardé la liste, plongé dans les résumés, j'ouvrais des histoires et des espaces inexploirés, pour moi. Connus peut-être, mais pas encore explorés. Du coup, j'ai eu envie de tout lire. 
Je crains que rien ne soit traduit en français (ou peu, ou pas tout de suite), aussi il y a un coût d'entrée, un peu comme Sophie dans l'expérience précédente, trouver le livre en France (sans passer par Amazon), le lire en anglais, comprendre toutes les nuances et y prendre plaisir. Explorer des espaces nouveaux dans une langue qui n'est pas ma langue maternelle... vive l'aventure. 


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