samedi 6 mars 2021

Une année sans - #14

une année sans 


 3 mois. 14 livres. Tous écrits par des femmes. Des romans, des essais, des récits, un polar. Sur tablette, en papier. C'est l'année sans les auteurs. Que des autrices dans mes lectures. J'ai exclu les BD, j'en lis peu et surtout des trucs de femmes (parce qu'elles sont drôles, ou graves, ou les deux). Et que Cosey ne publie plus.

C'est pas si difficile en fait. La première semaine m'a faite hésiter, quand dans la libraire de Villars de Lans, j'ai pris sur la table du présentoir, 2 romans qui me donnaient envie d'après leur quatrième de couverture. Et que j'ai du laisser à leur sort (c'est à dire qu'ils ne croiseraient pas le mien) car hors critères. Depuis ça ne m'arrive plus. Mon regard glisse. Parfois le prénom ne dit rien du genre de l'auteur, je lis la 4ème, je cherche une photo, et le repose si ça ne va pas. Même pas tentée. Sevrage réalisé.  

Je prends conscience que mon éditeur préféré  - Gallmeister - avait peu d'autrices dans les nouveautés de de ce début d'année. Conséquence collatérale de mon choix, ils auront moins de dépense de ma part cette année. Too bad. 

Est-ce que j'aurai lu celui ça sans mes critères? Je ne sais. Probablement oui. Conseillée non pas par Lire Magazine Littéraire, mais par une activiste féminine. Ce n'est pas un roman féministe. C'est surtout l'histoire d'une addiction à un homme, à une relation plutôt.

C'est un premier roman, d'une journaliste. Ecriture dynamique, tonique avec des associations d'idées et de rebonds dont je pourrais jalouse si je ne les adorais pas et me marrais pas à chaque lecture.

"J'ai passé un certain temps de notre vie commune à lui décrire le bourdon monstre que me procurent les courtes vacances dans les villes européennes. Je me méfie du revêtement intérieur en plastique des avions. De la structure psychique du pilote. Des variations du moteur. Je hais déplacer certaines affaires pour si peu de temps, l''exhaustivité des guides, les transports en commun étrangers. (...).

Ce n'est pas qu'une histoire de goût. Le week-end européen déclenche aussi des symptômes d'anxiété. Dès le démarrage du taxi, j'ai la sensation d'être un point lumineux qui avance su une carte. Je suis submergée par des images dépressives qui ressemblent beaucoup à celles de mon symptôme prémenstruel. Trois jours avant mes règles, j'ai l'impression, quand je me déplace, d'être une fourmi de taille moyenne."

C'est une histoire qui prend aux tripes, cette addiction qu'elle a pour ce gars, qui est son amant quelques temps. Lui a surtout un ego immense, il aime qu'on l'aime. Vue d'ici, le relation est toxique, à sens unique. Une relation au frontière de la folie et de l'emprise, de celle une relation qu'on peut avoir adolescent quand on pense que c'est si intense qu'on pourrait s'y engloutir corps et âme et qu'on ne parle que de ça.  Une relation de celle où moins tu en fais, plus tu attaches l'autre. De celle où l'idée de la relation est plus importante que la relation. On n'en parle plus qu'on ne la pratique. 

Elle en parle divinement bien, elle se rend compte  - sa psy le lui dit - qu'elle touche les limites de la volonté : vouloir ne suffit pas à faire. Ca finit comme ça commence, drôlissime. Positif, enthousiaste et fantasque. 

Il a dit "maintenant que j'ai ce projet à terminer, je n'ai plus de temps pour t'aimer". Et "Sauve ton cul."

Je peux lui faire un reproche, toutes ces citations, toutes ces références sont masculines. Que ce soit ses auteurs de prédilection ou les personnages de fiction qu'elle évoque : que des hommes (à l'exception de Iris Murdoch).

C'est le #14.  
De ma liste de lecture débutée fin décembre, une année sans les hommes comme auteurs que je lirai.


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