mardi 29 décembre 2015

De quoi faut-il se réjouir? #2

Vue de Gentilly - novembre 2015
Pas de quoi se réjouir non plus
De notre carnet de commandes au Cabinet?
Je n'en suis pas si sûre.
Ni de mon nouveau statut d'associé, qui a tant réjoui mon Compte en Banque.
Mais pas vraiment mon Equilibre. Ni ma Santé Mentale.
Bien que je ne sois pas certaine que les deux soient liés.

On devrait se réjouir d'avoir beaucoup de travail.
Que nos clients nous redemandent.
Que nous fidélisions les gens.
Que nous assurions notre croissance.
Mais pour faire quoi?
Changer le monde? Changer la société? Changer l'Entreprise?
Et chez nous, ça se passe comment au 5 rue Jules Vallès?
Mes collègues sont épuisés. Ca les rend bougons. Ca les rend grognons.
Ca crée de l'individualisme. Du repli sur soi.
On ne va pas jusqu'à voter à droite, ça reste un nid de gauchos.
Mais on s'aide moins, on se parle à peine, on s'évite parfois, on s'envoie balader aussi.
Et ils tombent malades. Au moment où ils doivent rendre un doc pour un client. Et ça retombe sur ceux qui sont encore là. Pas encore tombés au combat. Mais aussi au bord du gouffre.
"Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient touchés", disait-il.
C'est comme ça chez nous. En cette fin d'année.
Je n'ai pas signé pour ça. Je ne veux pas être complice de ça. Je ne suis pas patron pour ça.

Je ne veux plus de retour en train le soir tard, avec ma collègue au bord du collapse qui n'arrive plus à travailler. Alors je prends la plume, le clavier plutôt, à sa place. Et c'est moi le lendemain, qui suit borderline dans mes attendus.
Je ne veux plus de regards hagards dans les couloirs, entre deux notes, entre deux portes.
Je ne veux plus d'apnée, de mots suspendus, de gestes perdus dans l'openspace en pleine semaine.
Je ne veux plus de coups de fils de gens désespérés le vendredi soir qui m'expliquent que leur situation à eux est plus compliquée, qu'il faut que je les aide.
Je ne veux plus entendre les injures et les insultes de mes collègues sur les clients, signe de débordement, signe d'agacement, signe de trop plein, de manque de recul, de manque de respect.
Je ne veux plus dormir tout le week-end pour récupérer de la semaine.
Je ne veux plus vivre au dessus de mes moyens relationnels et annuler les diners avec de copains parce que je suis incapable d'être en contact.
Je ne veux plus d'un rhume qui dure un mois, qui me laisse aphone et me fragilise sur la période.

Je n'ai pas signé pour ça.

Que 2016 m'aide à trouver la volonté de puissance (comme dirait Nietzche, cf. billet suivant!).
Et comme je suis avant tout une existentialiste, en 2016 je vais oeuvrer pour y arriver.
Je ne veux pas écrire le même billet dans un an.


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