lundi 6 août 2018

De l'autre côté du mur #1

Café à Riga

Pays baltes.
"Pourquoi cette destination?" nous a-t-on demandé maintes fois?
Parce qu'on ne connait pas.
Parce que je ne sais rien de ces pays, je les melange allègrement.
Je n'ai aucune image ni de villes, ni de paysages, ni d'éléments de culture. 
Aucun imaginaire associé, juste quelques stéréotypes de maffieux russes.

On commence par Riga, capitale de la Lettonie.
Moins de 3 heures de vol. Mais de l'autre côté du mur.
Je suis née avec la RDA, j'ai connu les CCCP sur le dos des gymnastes aux JO,  j'ai appris les pays satellites, et si je n'étais pas née au Printemps de Prague j'ai été  fascinée par Vaclav Havel ce poète qui a détricoté la Tchécoslovaquie dans le calme.

De l'autre côté du Mur, aujourd'hui, ça ressemble à chez nous. On y paie en euros, notre carte bancaire marche partout, y compris sans contact.
Et le voyage commence sous de bons auspices "ma valise sort en premier!" crie notre dernier près du tapis bagage à l'aéroport!.

Notre hôtel est au fond d'une cour, sur les 4 derniers étages d'un immeuble qui en compte 7. L'ascenseur ne monte que jusqu'au 5ème, le reste se fait pied. Hauteur sous plafond toute soviétique, croire qu'ils ne payaient pas le chauffage. L'hôtel est censé être Art nouveau. C'est un mélange entre soviétique et Art Nouveau : des couloirs interminables, des grands espaces collectifs inutilisés (voire inutiles?).
Notre chambre (catégorie Luxe) est très chouette : grande, dotée d'un jaccuzzi, avec un balcon et une belle vue sur la ligne des clochers et autres toits de la ville.






On déjeune à l'abri la pluie sur une terrasse de restaurant. Service nonchalant et efficace (est-ce possible?), mais surtout repas excellent et si peu cher! Filets de harengs, soupe de poisson, dessert copieux et cuisinés. L'endroit est chouette, la clientèle aisée entre banchée et installée, le moment agréable.
Longue promenade dans la ville, sans grande stratégie touristique. des terrasses de cafés accueillantes fleuries, cosy, arty, bondées, bruyantes... autant de choix selon nos humeurs, nous tendent les bras à chaque coin de rue.
La rue Art Nouveau à la hauteur de sa réputation : les façades se suivent et ne se ressemblent pas.
On croise nos stéréotypes  : des hommes patibulaires, âgés, baraqués, certains tatoués, accompagnés de jeunes femmes, blondes aux ongles roses dans d'énormes SUV noirs... On coche la case "maffieux russes". 
Deux langues se côtoient à nos oreilles : des sons qu'on ne reconnait pas, le letton, et le russe, plus familier.


Le petit-déj de notre hotel est excellent et pléthorique : des harengs marinés aux pancakes à la mode lettone (probablement cuits dans du saindoux), en passant par toutes les variantes de charcuterie, de fromages aigre-doux et de pickles.

Le 2ème jour est une visite systématique de la vielle ville et de ses façades moyenâgeuses, et de TOUTES les églises. Visiter les églises un dimanche matin a l'avantage de les voir remplies de leurs pratiquants. L'église orthodoxe est la plus stricte: j'emprunte la casquette d'un de mes fils pour me couvrir la tete et mon iFille en short reste dehors. En plein office, les gens sont debout en rond, beaucoup de femmes, jeunes et des enfants. Ils se signent trois fois en sortant. Tout ceci reflète une grande ferveur, avec moins de formalisme que dans nos cérémonies catholiques;

Puis les musées du jour : l'ancien ghetto juif et la déportation, le musée de l'occupation, et le lendemain le bâtiment de l'ancien KGB. Un voyage très gai et léger.
Un vrai travail de mémoire et d'histoire a été fait, rassembler les informations, collectés les détails de vie, les noms, les dates, les lieux. Aucune mise en scène pour en faire un musée. 
Ce pays n'a connu au 20eme siècle que l'occupation soit nazi soit russe. Choisir entre la peste et le choléra. A peine indépendant au debut du 20eme de l'Allemagne elle se retrouve sous le joug des bolcheviques, puis "libéré" par les Nazis en 1941 et à la libération de nouveau sous la coupe de l'URSS jusqu'en 1991.
Plusieurs générations qui ne savent pas à quels saints se vouer... Qui croire? Que penser? Surtout quand on est coupé du monde.

Entre les deux, pour supporter le lot des atrocités : pique nique au marché couvert, où on achète en désignant du doigt, nous sommes incapable de lire ou deviner le letton. Des zakouskis à la pomme de terre (très légers!), aux épinards, aux lard, de la choucroute froide, des carottes en saumure et des gros cornichons aigre doux. On trouve du "hamp butter", gouté hier au restau - un régal -  et du pain dense avec des graines de chanvre, tout aussi délicieux.
Pause dans la thea house d'un parc et bière dans un café branché. N'oublions pas que ce sont les vacances.

Le ciel éclate le soir. Eclairs et tonnerre, déchainement des éléments, rides de pluie que nous regardons depuis notre balcon, avec delectation.

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