jeudi 9 août 2018

Regarder passer l'été #4

Valgaudemar
Après le camping, il y a une autre expérience pour aller plus loin.
Pour mes ami(e)s parisien(ne)s.
Plus loin que les douches communes.
Plus loin que les WC collectifs avec cloisons de séparation.
Plus loin que les voisins que tu croises au saut du lit, avant ton café.

Il y a le refuge.
Le refuge : table collective, plat à partager, je passe sur WC et douches collectives ....et DORTOIRS!
  • dortoir : nom masculin, grande salle où l'on couche, garnie de plusieurs lits et qui se trouve dans les communautés religieuses, les maisons d'éducation ou dans certains hospices
    • par analogie : regroupement d'animaux qui dorment ensemble
Mais ne vous inquiétez pas, l'expérience est graduelle. On ne passe pas dire directement de "j'arrive tranquille de ma petite montée avec mon sac à dos" au " je dors à côté d'inconnus qui ronflent et puent des pieds".

Quand tu arrives au refuge, soufflant, suant, rouge et pas au meilleur de ton parfum, on ne te donne pas un numéro mais un casier. Le sac à dos reste au vestiaire, tu as un petit panier pour mettre les affaires que tu veux monter au DORTOIR. Si tu as oublié tes tatanes, il y en a disposition pour circuler dans le refuge et sur la terrasse (pas dans l'herbe, pour éviter d'introduire des punaises de lit...). Ah le concept des punaises de lit...toute une histoire (pour une autre fois!).
J'insiste : des tatanes collectives, multi-utilisateurs, enfilées par des marcheurs avant la douche...
Nous, on avait les nôtres.

La douche : à jeton, tu mets ton jeton et l'eau coule pendant 5 minutes. Tu ne règles ni la température ni le démarrage. C'est le seul endroit où il ya de l'eau chaude. 
Sinon, c'est eau froide. Faisable aussi, ça réveille, ça revigore, ça conserve, ça raffermit les chairs.
Je suis trop veille pour ça. J'ai déjà pris mon quota de douches froides sous un pommeau ou dans un lac de montagne.
L'après midi sur la terrasse te permet de jauger les gens avec qui tu vas devoir te mettre à table, passer la soirée, et peut-être aussi ta nuit. Tu évites le gars qui fait du trail et qui t'explique dans le détail ce qu'il a dans son sac (13kg plus 2 litres d'eau) et te raconte minute par minute son ascension et ce qu'il mangé ; le groupe de 4 gars qui en sont à la ... quatrième (?) bières ; le trio du mec qui parle tout le temps avec la nana aux dents de cheval qui glousse et le 3ème larron chauve, gros et asthmatique... Bref, moi j'évite tout le monde. 
Ca tombe bien, nous sommes un groupe de 7, à table on occupe TOUTE la table. 
Le hic c'est le dortoir.

L'avantage du refuge "de luxe" et gentiment bobo c'est que le repas est bon, presque bio, avec des produits locaux. Ils font eux-mêmes le truc qu'ils te servent à l'apéro... 
La soirée traîne en regardant le soleil se coucher sur les montagnes, le mec qui parle beaucoup prend une guitare et chante bien - au moins pendant ce temps il ne parle pas. A 22h, il s'arrête de chanter, pour ne pas réveiller ceux qui veulent dormir parce qu'ils se lèvent tôt pour faire une grande randonnée. 
L'autre avantage du refuge de luxe, c'est que les vrais alpinistes, ceux qui se lèvent tôt pour faire une (vraie) ascension (et qui puent des pieds) n'y viennent pas.
A 22h, nous aussi on se dit qu'il faut rejoindre notre dortoir, parce que nos compagnons de dortoir ont peut-être envie de dormir.  
Le troisième avantage du refuge de luxe, c'est que ce sont des petits dortoirs, le nôtre est de neuf lits :  nous avons donc un couple avec nous. Qui lit à la lampe de poche quand on arrive. Un couple qu'on a croisé tout l'après midi dans la montée, doublé, redoublé, dépassé, redépassé dans un sens et dans un autre. Lui barbu qui monte vite, presque en courant, avec ses batons; et qui s'arrêtent de temps en temps, fait tremper se pieds dans le ruisseau en attendant elle, qui met péniblement un pied devant 'autre, soufflant commune baleine, toute seule tout le temps. remake du lièvre et la tortue. Nous sommes la tortue dans l'affaire, arrivés bien avant eux.On s'est même demandé longtemps si c'était un couple. Des frère et soeur? Angus et Julia Stone de la montagne?

A notre entrée dans le dortoir, elle a chuchoté à son gars "on devrait leur dire qu'ils peuvent allumer la grande lumière?". On n'a pas entendu sa réponse à lui, mais on s'est déshabillé dans le noir, ce qui est finalement pratique. 
Ils n'ont pas ronflé, ils ne puaient pas de pieds. 
Nous, on en a un qui gémit quand il s'endort, un autre qui lui crie dessus parce qu'il fait trop de bruit, et une troisième qui parle dans son sommeil. 
Au petit matin, ce qu'on pense être un couple s'est réveillé en silence, habillé en silence et en moins de temps qu'il en faut pour nous réveiller ils avaient plié leurs affaires et étaient descendus déjeuner. 

Finalement la nuisance du dortoir, ce devait être nous.

refuge de Vallonpierre



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