jeudi 31 décembre 2020

Qui l'eut cru?

Pousser-Glisser 3 heures après


Moi, pas.
C'est comme les discours que j'ai tenus sur le mariage (certainement pas!), les enfants (encore moins!,) les sushis (rien que l'idée me dégoute), Venise (c'est Dysneyland). 
J'ai du rabâcher des arguments plus ou moins solides,  avec la mauvaise foi toute spontanée qui me caractérise, mais j'ai (comme ce qui est cité au dessus) fini par faire ... du ski de fond!

Il aura fallu attendre une pandémie mondiale, la (presque) année de mes 50 ans, la fermeture des remontées mécaniques (en France) et des frontières (de France) pour que je me dise que peut-être l'alternative serait le ski nordique. Pas besoin d'aller au bout du monde, au fin fond d'une vallée reculée pour ce ski-là, un plateau suffit. Et le Vercors a l'avantage de n'être pas si loin (de Paris) et à portée de voiture de Grenoble (lui même à une volée d'heures de TGV de Paris), ce qui en fait aussi un potentiel lieu de résidence en cas de télétravail pérenne (et de ras le bol parisien avéré).

Grand débutant en ski de fond à 50 ans demande de ravaler sa fierté, d'oublier tout ce qu'on sait du ski alpin et surtout se concentrer sur son équilibre. Déjà à la location, le gars nous demande quel type de ski on veut. "Euh, on débute". On a donc "des classiques", on découvrira plus tard que c'est l'original/l'ancêtre: pas de pas du patineur (ce que fait Martin Fourcade avant d'aller tirer sur sa cible du premier coup), le ski de fond c'est juste le "pousser-glisser".

La seule est unique fois où j'avais fait du ski de fond, j'étais en CE1, j'habitais Lyon et l'école dans son rôle d'égalité organisait une sortie à la neige pour faire du ski de fond. Je me rappelle que déjà à l'époque je faisais ma maline, moi je connaissais la neige, j'allais au  ski tous les hivers. D'ailleurs j'étais une des rares à être équipée d'un fuseau (à l'époque, c'était le nec plus ultra), d'un anorak et  de vrais gants de ski. La plupart des autres enfants avaient des gants en laine qui a la première chute (au bout de 2 minutes environ) étaient trempés et devenaient rapidement deux blocs de glace au bout des mains. Je me rappelle avoir eu froid aux pieds, m'être sentie ridicule avec ces skis à peine accrochés, et bien moins à l'aise que sur des planches dans une pente. Je me rappelle avoir mangé un sandwich mou fourni  par l'école dans une salle qui n'était pas chauffée, et m'être endormie dans le car du retour dans les odeurs de vêtements humides. Des souvenirs associé à cette discipline somme toute pas terribles, et surtout une sensation de déséquilibre sur ces planches tout fins.

Je me suis tu chez le loueur, le matériel a beaucoup évolué : je ne reconnaissais  pas les chaussures, et celles que je voyais me laisser espérer que j'aurai moins froid qu'il y a (plus de) 40 ans. Je me suis tout de même fait expliquer le principe de fixation, qui n'avait plus rien à voir le simple système de clip sur  le bout en forme de pied de canard. Mon iFils a raison, je date de la paléontologie.
Il y a tout de même un forfait à payer, pour l'entretien des pistes, et après c'est comme une promenade, avec des pistes balisées. Enfin presque comme une promenade.  Une promenade où il faut être attentif à  son équilibre. En permanence.

Une promenade que j'ai mise moment à démarrer, je n'arrivais pas à chausser. Après plusieurs essais infructueux, j'ai été prise d'un fou rire, et là c'était fichu. Des larmes plein les yeux je ne voyais plus où appuyer. Pliée en deux de rire, incapable de pousser-lever le pied comme il faut et d'assurer un minimum de coordination avec le lâcher du bouton pressoir. La scène au milieu de tous, avec les 3 iAdos qui me donnent des conseils, l'iMari qui se marre, et le pisteur secouriste navré... Comme dans tous les sports, il y a des barrières de sélection dès le début. Le Darwinisme du ski de fond réside dans le fait de chausser.J'en ai rêvé toute la nuit, je me suis entraînée  toute la nuit dans mes rêves et le deuxième jour, j'y arrivais du premier coup (au 2ème essai...).

C'est  un donc un sport d'équilibre, un peu comme le patin à glace.  En tout cas, vu d'une inconditionnelle du ski alpin, ça ressemble à un sport pour "faire sa gracieuse". Je ne suis pas gracieuse, je ne tiens pas en équilibre. Je suis tombée en arrière, un joli culbuto arrière alors que j'avançais. J'ai juste relâché une demi  seconde mon attention de mon équilibre. Et boum. 
Panique pour se relever. Ce n'est pas évident. Je suis là par terre, et je n'y arrive pas. Par fierté et aussi par autonomie, j'ai refusé tout aide. je devais y arriver par moi-même. Et rebelote, fou rire. Dans le froid, au milieu des vrais skieurs (ceux qui font du skating) je pleure de rire, entre deux tentatives infructueuses de me remettre debout. La technique est simple, mais il faut la connaître : il faut passer par l'avant (ce qui est fondamentalement impossible en ski alpin). Se mettre à genou sur ses skis, les pieds pliés et hop debout. 
Ce sport est éminemment sélectif. Je ne sais pas comment je suis encore là vous en parler.

Après c'est 3 heures intenses, comme un jogging où je me serai habillée chaudement. Je pousse, je glisse, j'appuie sur le bâton et  je recommence. Trempée de sueur en 5 minutes, mal au bras au bout de 10. C'est mieux que le vélo elliptique à la salle de gym (je sais de quoi je parle  j'y suis déjà allée - une fois), la vue en plus.
La descente est le stress ultime, l'instabilité par excellence, l'entrainement à la chute (et à se relever).
L'après-midi est repos, sieste, thé et podcast. 
Demain on recommence.


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