dimanche 22 septembre 2013

Façades d'une ville en crise


Athènes, centre ville.
Entre les devantures fermées,
Les boutiques qui ont mis la clé sous la porte
Les tags qui tentent de dire quelque chose (ou pas)
Ou proposent une illustration que je ne décrypte pas
Suinte la dureté de la vie, 
Les hommes d'âge mûr qui fouillent les poubelles
Les enfants qui mendient.
C'est l'Europe, c'est à deux pas de chez nous.

Athènes, centre ville, près du Parlement

Athènes, centre ville en allant vers l'Acropole

Athènes, centre ville en allant vers l'Acropole

Athènes, centre ville proche du marché aux puces

et aussi, le Parlement

Je veux le même!

Nauplie, août 2013

Il est 19h, nous partons à la plage.
Nous nous sommes mis à l'heure grecque.
Je bave d'envie sur ce scooter
Il apporterait de la chaleur à notre grisaille parisienne.

Pourquoi je ne serai jamais agent secret...


Dans la Vie, dans mes rêves, j’aurai voulu être agent secret et écrivain. Les deux en même temps.
Une version féminine downsizée de John Le Carré en un peu plus jeune, un peu moins britannique et
surtout moins talentueuse.
Dans ma vie (la vraie), j’ai rapidement constaté qu’écrivain c’était compliqué, surtout quand très jeune on s’est orienté vers un bac C (math-physique), suivi d’études d’ingénieur et de jobs à l’avenant. J’ai déjà pris un virage sévère en devenant coach (quoi un ingénieur qui parle de relations ? humaines en plus ?), je ne peux pas continuer à tourner je vais finir par attraper le tournis.
A l’origine déjà, je n’avais pas choisi la voie royale pour le prix Goncourt (mais John Le Carré n’a jamais eu le Goncourt !).
Ecrivain donc je n’y croyais plus, mais agent secret si.

Enfin jusqu’à cet été.

Jusqu’au mercredi 13 août 2013, 16h07 pour être précise. Il y a eu un avant et un après. Le genre de moment décisif dans une vie, la Vérité tombe. Celle implacable de qui vous êtes et de ce que vous ne serez jamais.
Mercredi 13 août donc, nous sommes en vacances, en famille dans les Hautes Alpes, et comme toutes les années nous emmenons les enfants à une après midi Acrobranches.
Vous savez, c’est le genre d’endroit où vous vous prenez pour Tarzan (là les moins de 40 ans ne connaissent pas) ou un singe (et c’est pareil car Tarzan c’est l’homme singe de la jungle). C’est un endroit avec des parcours acrobatiques dans les arbres : vous portez un harnais, vous être accroché à une « ligne de vie » (rien que le mot est terrifiant, je ne vous parle pas  du concept !) et vous passez des « ateliers » (il y a comme une notion de travail ou de jeu dans ce concept?) du type :
  • tyrolienne : pendu à un mousqueton, on se laisse glisser le long d’un fil sans voir le point d’arrivée,
  •  pont népalais : un pont fait de planches longitudinales disjointes accrochées à un fil. J’ai bien dit « longitudinale » : dans le sens de la marche. Si elles sont horizontales c’est un pont suspendu  (j’y ai eu doit en Thailande, en Malaisie,… dans ce genre de pays,c’est un vrai pont, pas juste un atelier)
  •   balançoires, lianes, échelles de corde … bref rien de fixe, rien de solide, tout dans le vide.

Nous y voilà donc, à Laye pour être précise.
Plusieurs parcours sont proposés, selon les âges, les tailles et les niveaux. Les deux grands sont désormais sur le circuit Découverte « à faire en famille ». Tom va avec eux, et moi j’hésite en me disant que c’est sympa une activité familiale. Germain est destiné au « Super Kid » : pour les plus de 5 ans et plus d’1.2 m les bras levés. Un parent accompagnateur est nécessaire sur le parcours avec lui. L’année dernière dans le parcours du niveau juste en dessous aucun accompagnateur n’était nécessaire, on pouvait les aider depuis la terre ferme.
Je me sacrifie, je n’irai pas sur le circuit découverte (« 2 heures dans les branches pour les personnes en bonne forme physique ») mais sur le « Super Kid » avec Germain : j’ai plus de 5 ans et je mesure plus d’un mètre vingt les  bras levés.
Après les consignes de sécurité, où on nous explique comment s’accrocher sur la ligne de vie (2 mousquetonx qui doivent toujours être enfilés sur le câble ad hoc) et comment utiliser l’accessoire pour la tyrolienne (sans mettre les mains sur le câble, sinon ça nous les broie), me voilà avec Germain au départ du parcours. Ma sœur nous suit depuis le sol, son rôle sera crucial dans ce qui suit.

Le parcours commence par une tyrolienne, longue, très longue… Germain s’en tire comme un chef. Quand à moi, j’appréhende un peu, plaisante avec l’encadrant qui nous aide à démarrer en m’interrogeant à haute voix qui entre Germain et moi est l’accompagnateur de l’autre.
Je loupe l’arrivée de la tyrolienne, mes pieds tapent sur le rebord de la plate forme à plus de 3 mètres du sol. Me voilà repartie en sens inverse et bloquée au milieu du câble.
Heureusement j’avais écouté les consignes (c’est une leçon de vie presque…) et je sais donc comment évoluer sur une tyrolienne quand on est coincé au milieu.
Germain m’encourage, je ne suis pas très fière.
On enchaine par un pont en bois suspendu : les marches sont en travers, tout bouge, mais il y a des mains courantes de chaque côté. Je mets le double de temps de Germain pour traverser et doit prendre sur moi pour surmonter mon appréhension, toujours sous les encouragements conjugués de mon fils et de ma sœur (qui partage avec moi son peu d’appétence pour ce genre d’exercice). Mais elle est au sol.
Je suis au bord du collapse quand je découvre l’ateleir suivant : un pont népalais, très long (4 planches longitudinales, telles des poutres ; à plusieurs mètres du sol). Le tout juste attaché par des cordes, qui oscille tranquillement.
Germain est déjà de l’autre côté alors que je suis encore en train de me demander comment je vais y arriver.
Ma sœur se (re)met à m’encourager. J’envisage de faire demi tour, mais avec une tyrolienne au début , c’est impossible.
Je mets une éternité à traverser ce pont. Je demande à Germain de ne plus me parler, je ne suis plus capable de lui répondre, je l’entends à peine, prise dans mes affres, concentrée pour me contenir, contenir ma peur, mon vertige.
Ma sœur me procure des conseils aussi rassurants qu’elle peut :
-          -respire
       -  regarde loin devant toi,
       appuies-toi sur tes pieds plutôt que sur la ligne de vie
        
-            et puis si tu tombes tu seras juste pendue comme une saucisson.

L’image est effrayante, je la remercie avec le peu d’énergie qui me reste pour ses consignes.
Au bout d’une éternité, je suis enfin sur la plateforme, alors que Germain est déjà à la suivante. Je reprends mes esprits. Je suis épuisée. Il me faut encore tenir plus d’une heure, cela me semble insurmontable.
Quand j’ai un peu repris mes esprits, je manque de défaillir en découvrant l’atelier suivant. Une sorte de trapèze avec un rondin en bois. Il faut monter debout dessus se balancer au dessus du vide et sauter sur la plateforme suivante.
Impossible.
Je suis au bord des larmes, la crise de nerfs n’est plus très loin.
Je considère la hauteur de la plateforme, je me détache, m’assois, hésite.
Mon esprit rationnel reprend le dessus : j’ai l’air bien plus con si je saute en dépit des consignes de sécurité et me fais mal, que si j’appelle le gars pour qu’il m’évacue.
Sans compter l’assurance… (rationnelle je vous dis).

C’est la meilleure décision que j’ai jamais prise : arrêter là le massacre, me faire évacuer de ce parcours.
Ma sœur va chercher un des responsables.Il est arrivé avec tout son matériel, a grimpé, m’a expliqué qu’il allait me descendre en appel. Je précise qu’il doit y avoir 2,5m, 3 de hauteur tout au plus.
Le ridicule ne tue pas, la peur pourrait.

Curieusement, la manip de me lancer dans le vide en rappel tenue par un gars qui a la moitié de mon âge et la moitié de mon poids, ne me fait pas peur. La perspective d’avoir les deux pieds au sol sans doute…
Une fois au sol, je retrouve quelques capacités sociales :
-          - ça vous arrive souvent d’évacuer des gens des parcours comme ça ?
-          -  oui, on est là pour ça,
-            
-            …mais du parcours enfants, c’est pas banal.

Voilà c’est dit.

Ce soir-là, dans l’équipe de l’Acrobranches au moment du débrief de la journée, j’ai du faire le buzz.
Ma sœur m’a raconté que quand elle est allée chercher le gars, il lui a demandé
-         il est habillé comment l’enfant ?
Réponse de ma sœur : « c’est pas l’enfant, c’est la maman… »

Alors c’est fini pour moi : je ne courrai jamais sur le toit d’un train roulant à grande vitesse s’engouffrant dans des tunnels, je ne ferais pas de course poursuite sur les toits des villes où qu’elles soient et je ne sauterai ni d’un hélicoptère en vol, ni d’un pont…
En plus j’ai peur du noir, et je sursaute au moindre bruit.
Alors agent secret….