mercredi 26 novembre 2014

nOranne : journal de bord #2


un ibis, un vrai

J’y avais oublié mon écharpe.



J’ai envoyé mon collègue la chercher.
Ce qu’il y a de bien là-bas, c’est que même 10 jours après ils me l’ont gardée. Ils l’ont stockée dans la chambre froide du restaurant chinois. Ne me demandez pas pourquoi. Mon collègue qui avait froid et se faisait une joie de se réchauffer était déçu qu’elle soit gelée, pas qu’elle soit violette avec des pompons roses (j’ai des drôles de collègues). Il l’a mise.

Mais ce n’était que partie remise.
J’y suis retournée.
Ce qu’il y a de bien c’est quand je vais là-bas,  je gagne presque à tous les coups une nuit à l’hôtel.
Les gens d’usine aiment commencer tôt. On démarre à 8h, 8h30 si on fait grasse matinée. Le premier train pour Paris arrive à 9h07. Et commencer si tard c’est déjà un préavis de grève.
La soirée dans le train ça veut dire « dîner avec le Monop Daily » ou quand j’arrive trop ric rac à la gare « salade Starbucks ». Quand le train démarre à 19h, je pleurerais presque la soupe de mon iMari (qui devient cuistot du soir) et la soirée à la maison.

L’hôtel est en face de la gare. Cela évite le taxi qui pourrait nous dire à 22h12 « je regarde la fin de The Voice et j’arrive ».
Retour à mon hotel Ibis Styles, le vrai l’unique. Je me perds dans les grandes chambres et l’eau chaude met 20 mn à arriver. Je me réveille en sursaut dans les petites avec la sensation que quelqu’un marche dans ma chambre et je pourrais entendre mon collègue ronfler si tel était le cas. Heureusement au petit-déjeuner il y a une machine qui fait du jus d’orange frais tout seul et des biscottes sans gluten.
Il y a aussi des drôles de choses dans les recoins à la déco branchées de cet hôtel.

J’ai évité l’usine les dernières fois. Donc les chaussures de sécurité. Mais les gars viennent en réunion à l’extérieur de l’usine avec leurs chaussures de sécurité. Je me dis qu’avec le temps on doit s’y habituer et s’en servir aussi comme pantoufles. Est ce qu’ils regardent la télé avec des bouchons d’oreilles ?

Il n’y a pas beaucoup de choix comme « salle à l’extérieur » de l’usine, et donc on était dans une salle à l’hôtel Ibis. Mais pas celui où on loge, un autre. Pour une ville de cette taille, c’est assez incroyable, il y a 3 hôtel Ibis : Le Style psychédélique avec les biscottes sans gluten, le Ibis normal sur la zone industrielle avec une piscine (peut être que si je reste plusieurs saisons il faudra que je reconsidère mon choix d’hôtel), et le Ibis Budget, mais là je peux pas l’aspect "playmobil low cost " c’est au dessus de mes forces, surtout après le soirée dans le train. Je vais finir par devenir une spécialiste des gammes d’hôtel de la chaine Accor. Quand je pense que pendant longtemps l’ibis était pour moi l’oiseau au long bec qui à défaut de voler se promène librement dans les parcs de Sydney. Le retour sur terre est amère.
une grande chambre de l'hôtel Ibis

Et comble de l’affaire, ces hôtels sont très souvent complets. Je ne sais quel engouement amènent les gens dans cette ville où les volets de toutes les maison sont fermés à 19h et où les feux de signalisation clignotent dès 21h.
On use et abuse de ruses pour réserver nos chambres. Qui eu cru qu’un jour je me couperai en quatre, ferai du carme à un gars tout rond couperosé à fort accent pour avoir une chambre dans un Ibis ?

Là bas, je poursuis aussi ma découverte de la gastronomie française. Je me suis retrouvée à déjeuner dans un restaurant (une brasserie locale pas du bas de gamme et pas du gammé type Courtepaille). On était 20 à table, coincée entre que des « patrons » à galons je n’ai pas pu faire la fine bouche quand on m’a apporté mon entrée.
J’ai bien regardé la chose.
J’ai bien observé les autres : personne n’a moufeté, ils ont tous tout mangé.
J’ai mis de la moutarde dessus, de Dijon, bien forte.
Je l’ai coupé en 4 et j’ai enfourné les grosses bouchées avec un peu de pain
Et j’ai rapidement pensé à autre chose.
C’est le lendemain que j’ai pris peur : quand au marché devant l’étalage de ma charcutière je me suis rendu compte que ce que j’avais mangé la veille devait être du pâté de tête.
















samedi 22 novembre 2014

Sérendipité


Il y a quelques années, j’ai rencontré ce mot  - par hasard (!) – dans un cours de stratégie (que je sois dans un cours de stratégie ne relève pas de la sérendipité mais du miracle). C’était un jeune prof qui nous parlait de serendipity, - en anglais le mot est plus joli -  en nous expliquant des stratégies de la Smart qui a suivie celle de la Swatch mobile qui fut un bide. Ce que j’ai retenu ce cours c’est que les grands succès sont d’abord des impensés et qu’ensuite on en fait une stratégie.
En fait, c’est surtout de la sérendipité.

Dans la vie, la vraie, la nôtre, la sérendipité est une attitude d’esprit, une style de vie combinant ouverture à l’expérience, curiosité, sagacité, résilience et « happenstance » (ça, ça vient de wikipédia, ce mot à quelque chose de hippster non?). C’est dire faire confiance à ce qui arrive et à notre capacité d’en faire quelque chose. Cela tient du hasard et de notre attitude face au hasard : ça ressemble à notre part personnelle d'accueillir le hasard et à en faire quelque chose.

Si je devais avoir une liste de mes mots préférés, celui-là serait en bonne place.

J’admire (rais) les gens qui savaient ce qu’ils voulaient faire dans la vie :
ceux qui au lycée avaient déjà un métier en ligne de mire,
celles qui achetaient à 20 ans des salopettes en jean pour laisser de la place à leur ventre quand elles seraient enceinte,
ceux qui rencontraient l’âme sœur, se marieraient dès leur premier job et planifiaient des enfants quand ils auraient une maison (l'inverse marche aussi)
ceux qui voyaient leur carrière avec leur bureau d’angle, leur voiture de fonction, et parfois, rarement, un chauffeur,
ceux qui a cinquante ans s'achetent une rollex et une maison à la campagne
ceux qui ont « un plan » dans leur vie…

Moi, je ne voulais pas me marier.
Je ne voulais pas d’enfant.
Je n’aimais pas le collectif, dès qu’on était plus que 2 j’étais mal à l’aise. Je n’aimais pas les gens, en général et même en particulier
A 18 ans, je n’étais jamais sortie de France et j’allais toujours en vacances au même endroit.
Quand je suis arrivée à Paris, je ne voulais pas y rester car le métro me stressait.
Je n’aimais pas le poisson cru – que je n’avais goûté -  et je confondais Venise et Disneyland – je n’étais allée à aucun de ces endroits.

Et aujourd’hui, je suis une mère de famille nombreuse (ma carte de réduction l’atteste), mes enfants ont tous le même père, avec qui je suis marié depuis plus de dix ans, ce qui m’amuse dans mon boulot c’est comment fonctionne les gens, les collectifs de travail et les organisations et comment tout ça marche ensemble.
Je suis allée 3 fois à Venise et quand il n’y a rien dans le frigo je me fais livrer du Sushi Shop.
A part New York, Sydney ou New Delhi je ne me vois pas habiter ailleurs que Paris, et si je me déplace principalement en scooter, je connais les ruses des correspondances des principales station de la RATP.
Je ne me vois pas passer mes vacances en France, et si j’avais été rentière j’aurai été exploratrice.

Alors, vous avez dit serendipty ?