vendredi 23 mars 2018

Regarder, d'abord

vu de notre temps

« Quand (on) connaît le nom d’une chose, (on)pense tout savoir à son sujet et (on)ne regarde plus. Mais un nom ne veut rien dire, et affirmer que tu connais le nom de quelque chose revient à avouer que tu ne sais rien, moins que rien. (…)
Ne pense jamais que le nom est la chose, car il n’y a que la chose qui existe, les noms ne sont que des pièges pour t’aider à t’en souvenir. »


My absolute darling – Gabriel Tallent

dimanche 18 mars 2018

Livre et avenir

trainée matinale de ma fenêtre

« On ne peut pas savoir si nos actions sont futiles ou pas, on ne possède pas de souvenirs de l’avenir ; l’avenir est effectivement sombre ce qui est la meilleure chose pour un avenir ; et au final nous agissons toujours dans le noir. Les conséquences de nos actions peuvent prendre des formes imprévisibles et même inimaginables. Elle peuvent survenir longtemps après notre mort. 
Et souvent c’est là que la parole des écrivains résonne le plus’


Rebecca Solnit - Ces hommes qui m'expliquent la vie

Mini série #2 - les femmes et leur place dans le monde

Une série en amène une autre, de fil en aiguille.
Le fil du féminisme, puisque cela semble d'actualité.
Je ne parle pas #balancetonporc, qui se fait la parole des femmes d'une façon violente, cathartique parce que longtemps retenue.
Je parle de Mon actualité.
Celle qui m'a amené dans la même période au livre de Rebecca Solnit, au  spectacle de Caroline Vigneaux (Caroline s'affiche) et à l'exposition de Susan Meiselas.

"Une portion significative des femmes de votre entourage entre dans la catégorie des survivantes"
 Rebecca Solnit - Ces hommes qui m'expliquent la vie

Un mardi soir, après le yoga, un tour de scooter pour récupérer mon iFille qui nage dans une piscine de banlieue, un rapide diner en croisant mon iMari qui part rejoindre son groupe de Jazz, je descends la colline vers la salle de spectacle /ciné, à  cent mètres de chez moi. 
C'est un luxe. Ca n'a pas de prix.
J'y ai un abonnement au ciné bien sûr (beaucoup de films Art et Essai) et un abonnement aux spectacles, une programmation artistique variée ; théâtre danse, musique, one (wo)man show. 
J'y retrouve une copine pour aller voir ce one woman show uniquement sur la base du pitch, je ne la connaissais pas avant. Je n'écoute pas Rire et Chansons (comme mon iMari), ma seule référence en matière d'humour est "le fou du roi" de France Inter qui n'existe plus depuis ...7 ou 8 ans!.
Caroline Vigneaux donc : 1h30 de fou rire. On me dit que j'ai un drôle d'humour, en parte vraie, j'ai surtout pas un humour classique : je ne comprends pas les contreparties, je ne ris pas aux blagues de cul, et au spectacle je ris souvent seule, et je me fais rapidement repérer à bêler à contre temps.
Mais là pour une fois, je riais (presque) avec les autres. c'est simple j'ai ri tout le temps.
C'est virulent sur le machisme, virulent sur les hommes machistes, et juste. Plein de justesse et de précision, un verbiage au scalpel et une énergie ....Quelle énergie! 
J'en ris encore et j'y retournerai en emmenant mon iMari cette fois.


C'est au Jeu de Paume.
Une femme photo-reporter dans les années 1970, il n'y en avait pas beaucoup. Une femme qui a couvert des conflits comme le Salvador ou les Kurdes, encore moins. Et qui s'est intéressé aux travailleuses du sexe à plusieurs époques, des strip-teaseuses aux clubs sado-maso, en passant par la violence faite au femmes. 
Extraordinaire, interdit aux moins de 18 ans.
Cette exposition est dense, perturbante, et ne nous permet pas ensuite d'enchainer sur celle du rez-de-chaussée, le Dadaïsme nous semble bien futile ensuite.


Mini serie américaine #1

... à lire

Je viens de lire à la suite trois bouquins que je ne peux m'empêcher de partager. C'est une bonne suite de mars, pas comme les giboulées de ce dimanche. Dans l'ordre de préférence.


Ces hommes qui m'expliquent la vie - Rebecca Solnit
C'est Le Livre qui fait l'actualité féminine du moment.
Amies, mesdames, mesdemoiselles, vous devez le lire, vous devez le faire lire à vos filles. Et à nos hommes, comme me disait un ami récemment : "ça pourrait m'ouvrir les chakras".
Il est court, c'est un recueil d'articles (on en trouve certains -surtout celui qui fait le titre - sur internet - google books-  pour le lire en ligne éventuellement), mais je vous conseille de l'acheter. J'en ai 3 exemplaire, un pour mettre au bureau, un pour offrir et un pour moi, pour la maison.
Elle y parle du mariage pour tous et ce qu'il a apporté  : l'égalité, la symétrie entre les personnes qui se  marient ; de la guerre la plus longue, évidemment de DSK (c'est un américaine  ; de Virginia Woolf, de Cassandre et la boite de Pandore
C'est un juste regard sur les femmes, et si le féminisme c'est ça alors j'en suis.
Etre une femme, c'est être un Homme comme les autres. 

My absolute Darling - Gabriel Tallent 
Je suis sur Insta (mmmh quelle modernité je suis ultra connectée) François Busnel, qui est l'ancien rédacteur en chef de Lire Magazine. Je suis toujours abonnée à Lire, mais j'y regrette amèrement Busnel, je ne regarde toujours pas la Grande Librairie qu'il anime et je n'ai pas encore acheter America, la revue qu'il sort tous les trimestres pendant le mandat de Trump. Pour autant, sa ligne éditoriale instagram est très claire : il y met en avant une ligne de crête étroite de ses rencontres et goûts en matière de littérature. Celui la est "sa révélation". Et hop chez mon libraire. Je vérifie la 4ème de couverture et hop dans mon sac. Et c'est lu.
C'est du grand plaisir. C'est dur, c'est violent, ça défile comme un film. Ce livre ne se cache pas et ne m'a pas lâché tant que je ne l'ai pas terminé. Il y raconte l'histoire de Turtle et de sa (re)naissance. Elle vit avec son père qui croit à la fin du monde et qui lui a apprend la survie, les armes et la solitude. Il la bat, il la viole et elle décortique toute l'ambiguïté de la relation. Et la force que ça demande pour en sortir.

Me voici - Jonathan Safran Foer
Il a en commun avec Jonathan Franzen la rareté de ses productions. Ce doit être le prénom qui fait ça.
Le sujet est grave : le divorce, ou plutôt la séparation. Celle qu'on ne voit pas arriver, parce que le couple à tout fait comme il faut. Des enfants,  des carrières, des vacances, des croyances, ils discutent... Et pourtant c'est inéluctable (dans le roman).
Les dialogues sont bons, relevés à souhait, plein de blagues de cet humour juif new yorkais alors que ça se passe à Washington.
Quelques fous rires, seule devant mon livre, on se croirait dans un film de Woody Allen.
Quelques longueurs  géopolitiques sur la politique, le positionnement et la stratégie Israel, qui se sautent facilement sans nuire au fil.





samedi 10 mars 2018

Vierge moderne


Ellen Kooi

Je ne suis pas une femme. Je suis neutre.
Je suis un enfant, un page, une résolution hardie,
je suis un rai de soleil écarlate qui rit...
Je suis un filet pour poissons gloutons,
je suis un toast porté en l'honneur de toutes les femmes,
je suis un pas vers le hasard et la ruine,
je suis un bon dans la liberté et le soi...
Je suis le sang qui chuchote à l'oreille de l'homme,
je suis fièvre de l'âme, désir et refus de la chair,
je suis l'enseigne à la porte de paradis inédits.
Je suis une flamme exploratrice et gaillarde,
je suis une eau profonde mais téméraire jusqu'aux genoux,
je suis eau et feu loyalement, librement unis...

Edith Södergran - tiré de Voix  de femmes


vendredi 9 mars 2018

Dieu encore et nous avec



"L'assujettissement aux Bibles, la servitude aux livres, l'idolâtrie des textes, l'obéissance passive aux Vedas et aux Korans, tout cela est terrestre, tout cela est artificiel, tout cela est construit pour les besoins de tel ou tel mode de civilisation (...) tout cela n'a, dans absolu, nulle raison d'être. Mais l'obéissance aux lueurs intimes; la confiance aux radiations infinies, la foi à la conscience, la foi à l'intuition, c'est la chose sacrée, c'est la respiration de l'air même du sanctuaire inexprimable, c'est la communication avec Dieu, c'est la religion".
Ces mots sont de Victor Hugo, un texte repris dans la préface de la nouvelle édition des Misérables à La Pléiade.

Je ne lis pas La Pleiade, je n'en ai même jamais eu entre les mains d'ailleurs.
C'est en lisant les Echos (bien moins littéraire que le roman cité) et la chronique de Roger-Pol Droit que j'ai découvert ces quelques lignes. Avant goût d'acheter l'exemplaire à la bibliothèque de la Pléiade ou avant gout de (re)lire Les Misérables même dans une version poche? 

Le chroniqueur développe ensuite que Victor Hugo fait le lien entre cette intuition spirituelle et la politique, les relations sociales et l'économie et en tire une vision de la solidarité (je fais suivre l'article à qui le veut), qu'il est facile de transposer aujourd'hui. Les mêmes questions se posent et ne sont toujours pas résolues.
Mais ce que je trouve d'optimiste dans tout cela, c'est que nous avons en nous ce dont nous avons besoin, il suffirait de "nous" écouter, de nous laisser aller à nos intuitions profondes pour y arriver.

Comme le dit si bien JK Rowling dans son bref livre "la meilleure des vies" : 
Nous n’avons pas besoin de magie pour transformer notre monde : nous portons deja en nous tout le pouvoir dont nous avons besoin.


Des Misérables à Harry Potter, une ligne universelle sur la foi en l'Humanité.