dimanche 25 septembre 2016

Se prendre pour Martin Parr

Wales - août 2016
No comment

Etre soi




"C’est en partie le résultat de ma vieille peur d’être démasquée. Je suis terrifiée à l’idée qu’après cet été il n’y ait plus moyen de se défiler. Tout le monde de ma coiffeuse à la reine d’Angleterre pourra savoir qui je suis.

Pas qui je suis réellement bien entendu, mais une version lissée de ma personne, plus vendable plus facile à aimer. (…) Je n’ai toujours pas trouvé l'endroit où je peux être vraiment moi. Mais peut être que vous non plus."
Nos années sauvages – Karen Joy Fowler    

« Il s’était trouvé un jour devant un sérieux obstacle : les mots qu’il connaissait ne lui permettait pas pour dire comment il allait.(..) C’est ce qui avait fait de lui un lecteur avide. Il cherchait les mots qui lui aurait parlé de lui »
Paolo Cognetii, le garçon sauvage

Eternelle question de qui nous sommes. Sans réponse définitive, c'est la seule chose certaine. Les livres offrent un éclairage sous différents angles pour se révéler à soi, se voir autrement, se projeter dans un autre via des personnages.
Je suis née peureuse, la peur est une seconde peau, la méfiance intrinsèque et la vigilance une doublure. Heureusement que j'ai eu les livres pour voir le monde à travers une lucarne, de loin l'apprivoiser pour oser y mettre un doigt, puis une main, puis un pied et le nez. Et oser y vivre.
Lire donne les clés de compréhension du monde, et donc de nous là-dedans, par un jeu de miroir dans lesquels se reverbèrent tous les personnages qui nous composent.

samedi 3 septembre 2016

A la lumière de ce que nous savons


" Ecouter est difficile, parce qu'on court le risque de devoir changer la manière dont on voit le monde." - A la lumière de ce que nous savons, Zia Haider Rhaman

Lu cet été.
Avec grande passion.
Avec grande lenteur.
Savourer chaque phrase.
Les relire même parfois.
Ne pas se fier à la couverture en français, elle ne le sert pas.
Comment le raconter? Les critiques disent que c'est du John Le Carré, la philosophie en plus.
C'est encore autre chose je pense.
Une fiction, presque réelle.
Une réflexion politique, philosophique historique et sociologique à la fois, dans un entrelacs de relations où s'emmêlent l'amitié, l'attirance et l'amour dont la définition se perd au fil des pages.
Nous sommes en Afghanistan, en se croyant dans une autre scène de Pukhtu (de DOA), au Bangladesh où on découvre un autre volet de l'histoire, en Angleterre pour prendre le thé avec la haute aristocratie et se promener dans les quartiers indiens., au Pakistan avec des vieux colonels qui jouent aux échecs.
Nomade sur la planète, la langue est riche, à lire en français pour être sûr d'en attraper toute la poésie. Même si une traduction est en soi un parti pris, seuls les "english native" sont capables d'en saisir toutes le nuances dans la VO.


"Nous pensons avoir une image exacte de tant de gens, avoir une idée de ce qu’ils recherchent, de ce qui les motivent dans l’existence. Combien de personnes envisageons nous ainsi ? Nous pourrions les compter. Mais quand nous commençons à réfléchir au nombre de gens dont nous croyons qu’ils ont à leur tour une image exacte de nous, les choses s'écroulent. Qui a une image exacte de nous ?"
A la lumière de ce que nous savons, Zia Haider Rhaman