samedi 27 décembre 2014

En voie de disparition

Cité U, octobre 2014
Un jour, nous serons nous aussi en voie de disparition.
Comme ces objets qui ont ponctué notre vie jusqu'à l'arrivée des mobiles
Puis des smartphones, bien que nous soyons bien moins smart que tous nos phones réunis
Que restent-ils des conversations qui s'interrompaient parce qu'on n'avait plus de monnaie?
Du (16) pour appeler en province?
De "toutes nos lignes sont occupées, veillez rappeler ultérieurement"?

Moi j'aimais le dring de la sonnerie du téléphone à cadran.
L'evenement était rare et prometteur.
Aujourd'hui si je ne reconnais pas le numéro je ne réponds pas
Et j'écoute peu ma messagerie.
Je reçois des voeux par SMS, les rappels de rendez vous du médecin et les propos d'Habitat pour le black friday.
Rien de très romanesque, je le crains.


Et quand elle tombe?

Les Forests, 27 décembre 2014
Tout d'abord, on ne prend pas la route.
On tente un jogging,
Mais courir en montée dans 30 cm de neige s'avère vite difficile
Je n'ai pas l'entrainement d'un GI
Et je vous rappelle - qu'à mon grand désarroi - je ne suis pas un super héros.
L'essai se solde par un retour au bercail bout de 30 minutes, et à peine 3km.
On finit sur le canapé, devant le feu, avec un livre
Ou rien.

Au final, deux choses à retenir :
1) il y a toujours de la neige, plus ou moins à Noël
2) on fait à peu près la même chose en l'attendant que quand elle tombe.


mercredi 24 décembre 2014

En attendant la neige,

dessin de Craig Thompson, Blankets


Y aura-t-il de la neige à Noël?
La question ne se pose plus.
La réponse est tombée, définitive.
Rien, pas un flocon, ni même la moitié d'un.
On se serait contenté d'un petit, d'un tout petit même, minuscule s'il fallait.
Le ciel est immensément dégagé,
Luisant d'étoiles, et de filantes en plus!
Faites un voeu : je veux de la neige à Noël.
Mais le ciel est sourd cette année
La météo au beau fixe.
Le soleil au rendez vous.

Que faire en attendant la neige?
Lire
Boire 
Manger
Dormir
Marcher
Rêver
Finalement 
c'est du bon temps.

have a merry christmas


Selfie de Noël

Dessin issu du New Yorker en ligne
Cela pourrait être moi au bureau.
Ce doit être un jour où il y a internet car il n'y a pas de chauffage.

Réunion de créativité

dessin issu du New Yorker en ligne
ça ressemble à ça chez nous.
La table et les cravates en moins.




dimanche 21 décembre 2014

Chère Marie-Aude

Claudine Doury, série 'Peuples"


Chère Marie-Aude,
Un de vos livres m’a été offert l’année dernière à Noel, il est gros, lourd encombrant pas facile à transporter. J’ai donc mis du temps pour l’entamer, il fallait que les conditions soient réunies : du temps et pas de déplacement ni de voyage. Les vacances de la Toussaint tombaient bien.
Je l’ai ouvert.
Et je ne l’ai plus lâché.
Du matin au soir, d’affilée sur deux journées, je l’ai terminé.
Un page turner, comme disent les anglo saxons.

Vous êtes un écrivain pour la jeunesse. Je ne suis plus si jeune, et si je ne suis pas encore abonnée à « Notre Temps », je tire rarement mes lectures du rayon jeunesse. Que fait donc ce livre entre les « Hunger Games » et « Nos étoiles contraires » ?

Oui, vous y avez mis des illustrations, à la Beatrix Potter - d’ailleurs votre livre  pourrait être une biographie romancée, cela n’en fait pas pour autant un livre pour enfant, ni même adolescent. Le fond, la leçon, l’enseignement, ce qui fait le sel de cette histoire, là où elle nous parle, nous touche, nous bouleverse,…il n’y a que les adultes qui l’ont (du moins je l’espère).
Vous vous adressez à notre part adulte. A la part de nous qui a grandi, qui est capable de regarder avec tendresse, sans mélancolie l’enfant que nous avons été et les stratégies que nous avons mises en œuvre pour vivre - ou tout simplement survivre.
Vous nous racontez si bien le désarroi que c’est parfois d’être un enfant, la difficulté d’être soi sans offenser ceux qu’on aime (ou qu’on respecte tout simplement), et l’énergie qu’il est possible de déployer pour s’en sortir, pour grandir sans se renier, pour devenir un adulte sans perdre l’enfant qu’on a été.

Vous avez écrit tant de livres avant, que celui ci me fait penser à un aboutissement qui résumerait tout ce que vous avez voulu dire avant. Il vous aurait fallu attendre toutes ces années, vous aviez 58 ans quand il a eté publié pour arriver à dire cela, à l’écrire comme vous l’avez fait.
Je vous suis reconnaissante de l’avoir fait avant mes 58 ans à moi. Je grandirai mieux maintenant, non que j’eusse encore l’espoir de gagner quelques centimètres mais mon âme s’en trouve plus riche.

Tout ce que vous racontez est d’une justesse remarquable.
Comment les besoins d’attention et d’affection peuvent amener à faire des mauvais choix pour de bonnes raisons et comment on en prend conscience ou pas, pour se réveiller (ou pas) au bon moment.

Et vous êtes drôle. J’ai ri à plusieurs reprises. Il y a peu de livres qui me font rire tout haut, il y a peu de choses en réalité qui me font rire tout rire tout court : mon iMari en premier lieu, et je crois que nous serons d’accord là-dessus, c’est vital dans une relation de se marrer un peu, beaucoup, passionnément et toujours.

J’aime beaucoup votre recette du pique-nique : « pour réussir un bon pique nique, il faut prévoir six homards, un roulé de tête de veau, des feuilletés à la confiture, beaucoup de bière, des jeunes gens, une vieille fille pour les surveiller, trois ou quatre enfants faciles, quelques messieurs mûrs, des ruines à visiter (rien à voir avec les messieurs mûrs), des fraises à cueillir, un orage en fin de journée ».
Ses ingrédients en font la singularité, et si on les trouve facilement encore de nos jours, le miracle est de les réunir en une unité de lieu et de temps.

Vous ne parlez que de trouver sa propre finalité et ce pour quoi nous sommes faits et vous commencez par :

« MAMAN 
quelle est la principale fin de la vie humaine ?

MOI, récitant
 c’est de connaître Dieu ».

Juste pour l’évacuer peut être ?

Je suis prête à partager cette réflexion avec ma fille qui a tant à dire sur l’existence de Dieu et je gage que ce genre de débat pourrait la rendre croyante à défaut de la mettre en référence circulaire. Je me souviens très bien de ce cours de philo en terminale où nous avait été exposée la démonstration de la pensée de Descartes : le passage de « Je pense donc je suis » à l’existence de Dieu m’avais ébranlée à l’époque. Et j’étais prête à y croire.
Mais avant Dieu il y a soi.

Je pense donc je suis, et la finalité de ma vie c’est de me connaitre et de devenir qui je suis. Vous avez trouvé les mots pour nous dire ça.

Je vais vous citer une dernière fois, car il faut que ce livre sorte du rayon jeunesse et embrasse plus de lecteurs.
« je faisais cette expérience étrange qu’une joie qu’on ne peut pas partager devient presque une chagrin ».

Enfin, il me reste juste à vous dire merci.

Miss Charity
de Marie Aude Murail



dimanche 14 décembre 2014

S'apprivoiser

Photo de Elena Chernyschova - sur le grand Nord, parue dans le magazine 6 mois

"They were both very shy, and they knew each other slowly, tentatively; they came close and drew apart, they touch and withdrew, neither wishing to impose upon the other more than might be welcomed. Day by day the layers of reserve that protected them dropped away, so that at last they were like many who are extraordinary shy, each on the other, unprotected, perfectly and unselfconsciously at ease."
Stoner de John Williams