lundi 24 avril 2017

Un (petit) poème pour se donner du courage

Une petite expo pour se donner courage avant d'aller voter

Je ne suis pas de ceux qui trichent avec l'univers
J'appartiens tout entier à ce troupeau grandiose et triste des hommes
On ne m'a jamais vu me dérober à la tempête
J'ai battu de mes bras chaque fois l'incendie
J'ai connu la tranchée et les chars
J'ai toujours dit sans prudence au grand jour mes pires pensées
Et je ne me suis pas retiré quand on est venu me cracher au visage
J'ai le front marqué
J'ai partagé le pain noir et les larmes de tous
Je ne suis monté qu'a mon tour sur le contre-torpilleur
Qui m'arrachait à ma terre envahie
(...)
J'ai pris ma part d'amertune
J'ai porté mon lot de malheur
Et pour moi cette guerre n'a jamais fini
Quand sont toujours écartelés les membres de mon peuple
L'oreille collée à la terre il me parvient encore
De terribles soupirs lointains qui traversent la chair d'un monde sourd
Je ne connais pas le sommeil et quand je fermerai les yeux ce sera pour toujours
N'oubliez pas cela

Louis Aragon  - Elsa

Maintenant, vous savez ce que vous voterez au second tour

Vertige dans la "chambre d'huile " - CCCOD  de Tours

C'est flippant n'est ce pas? 
Se dire que la France a basculé du côté noir de la Force. 
Ils s'en donnent tous à coeur joie, les médias avec leur carte de France colorée dont la moitié droite est endeuillée. Le code couleur est unanime, comme s'il s'imposait et ne va pas sans rappeler "les chemises brunes" des sombres années.
Elle ne passera pas, c'est certain. Mais une personne sur cinq autour de nous a voté pour elle.
Sous mon toit, nous sommes 2 parents et 3 enfants (ouf pas encore en âge de voter et suffisamment éduqués) mais ça voudrait dire que sous mon toit, il y en aurait un qui aurait voté "bleu marine".
J'en ai la chair de poule.
Je regarde désormais les gens autour de moi avec un air suspicieux.

samedi 22 avril 2017

Et vous, savez-vous pour qui vous votez demain?

Olivier Debré - au CCCOD de Tours (encore, et c'est pas fini!)


"Il n'est plus le temps de rester à l'affût ; il n'est plus temps de se préparer à bondir, il est temps de bondir sans préparatifs et sans autres préliminaires, et non pas, secondairement de le dire ou de le promettre, mais de le faire, et d'entrer de plein-pied, directement, effectivement dans le vif de l'actualité drastique. Ce qui est requis sur le moment n'est plus la vigilance (car il est déjà trop tard), mais c'est l'agilité de l'éclair : l'occasion exige d'être saisie au vol."

"Telle est en premier lieu la vocation du courage. Tout nous le dit, les yeux, les mains préhensiles, la démarche : la vocation de l'homme est de faire face, c'est à dire de regarder devant soi et d'aller de l'avant"

Vladimir Jankelevitch

Allez votez demain, en votre âme et conscience.
Soyons courageux au premier tour, pour ne pas finir en exil après le second.

lundi 17 avril 2017

Ikigai

Olivier Debré - CCCOD de Tours

Ikigai : une raison de se lever le matin, une raison de vivre - japonais

tiré de l'encyclopédie "les mots qui nous manquent"

Ouverture à la nature : entre mer et sel

La plage de l'Herbaudière - jour 1

Après des années "d'ouverture à la culture" - c'est l'expression favorite de nos enfants - à Pâques cette année nous avons testé l'ouverture à la Nature (avec une Majuscule).
Direction l'île de Noirmoutier pour une semaine (5 nuits exactement, point trop n'en faut). Nous étions tout de même un peu inquiets : est ce qu'on tiendrait une (presque) semaine sans visite? sans musée? en pleine campagne?...et pire que tout : sans Wifi?

Je rassure, rapidement, le site n'était pas à jour. La maison bien que vieillote appartenait à des Parisiens était donc - ô surprise! - équipée de Wifi.

J'ai pris des munitions : 

  • d'abord passage à la médiathèque : plusieurs romans, certains de plus de 400 pages
  • puis arrêt à la Maison de la Presse : l'indispensable Elle Magazine (qu'au retour je n'ai toujours pas lu), les inrocks, un hors série de Sciences Humaines (les penseurs du langage - que j'ai aéré) et les deux derniers numéros de Lire Magazine
  • enfin last stop à la Librairie, un petit poche pour la route (en guise d'amuse bouche)
  • et quelques pépites de ma Réserve (celle en cas de coup dur : confinement, guerre de 100 ans...) : 2 mook (Ballast, La Chose), et quelques essais pour le boulot (que je n'ai pas lus, tiens donc)
Inutile de dire que ce périple préventif était valable aussi pour les enfants... Nous ne savions pas ce que nous allions trouver à Noirmoutier, autant être équipés.

Alors la semaine....intense!

A 100 m de la plage, nous y sommes allés tous les jours. 
Nous adultes, pas pour nous baigner, mais pour se faire dorer, chauffer, rôtir... et attraper un coup de soleil sur le nez. Quant aux enfants "impossible de résister à l'appel de la mer" :
- d'abord habillés le premier jour, pas très prévoyants
- en maillots les bons jours
- en slip les jours froids ("il y a trop de vent, on ne se baigne pas"...et hop dans l'eau)

Activité cerf-volant intense : les cerfs volants chinois de Wuhan (vous savez ceux qu'on achetait une broutille le long du Yangtsé) volent bien mieux que ceux de Nature et Découverte (pourtant made in china aussi).

jour 2 : jogging
Jogging : sur la plage, dans les marais, en ville,... bref on court.

Vélo : un tour à la journée. Nous avons bien fait nos 40 bornes. Tout le monde avait mal au fesses (sauf moi, on ne se demande pas pourquoi, merci).  
Nous avons largement constaté l'homogénéité de l'habitat : maisons blanches et volets bleus (50 nuances de bleu), trois rebelles recensés avaient choisis jaune poussin, orange et rouge (ce dernier devait être un émigré basque).


On a fait comme il se doit la queue (presque une demi-heure) au glacier réputé pour les deux boules Fraise/Vanille Bourbon de Madagascar (que je vous recommande).
Et bien sûr, marché local, avec vins et mets du coin : crabe, gâche, pomme de terre de Noirmoutier, vin de Vendée (pas terrible) et surtout le sel, partout.


jour 3 : on sauve le monde
Promenade sur le passage du Gois : pieds dans la vase, certains parmi nous n'aiment pas la sensation entre les doigts pieds (mais quelle chochotte!).
Et surtout nous avons sauvé des vies : une mamie bien rebondie s'est engagée dans la vase bien meuble avec sa petite-fille, bien petite.
La gamine s'est retrouvée coincée avec ses deux bottes en caoutchouc bien ancrées dans la vase, la mamie à genou dans la boue, ses baskets en toile perdues dans le mouvement et n'arrivant plus se relever. Vite à la rescousse, à soulever la mamie sous les bras pour qu'elle se (re)mette sur ses deux pieds, et à la raccompagner jusque sur la terre ferme. Et la petite arrachée à la marée par notre iFille qui avait sortie le nez de son livre et de son iPhone (sur lequel elle lit aussi des mangas) et qui l'a porté à côté du papi. Ce dernier pas sympa pour deux sous "c'est bien fait pour ta gueule, je t'avais dit de ne pas y aller".
Je n'aurai pas aimé passer la suite de la journée avec eux.

jour 4 : le long du port
Deux équipes le jeudi : Tom et les enfants pour une visite au Chateau de Noirmoutier (tout de même) et moi chez l'esthéticienne. J'en  ai appris autant qu'eux sur l'île et ses habitants, si ce n'est plus (notamment que le boulanger qui fait l'angle n'était ouvert que 6 mois l'année, le reste du temps il était en Thaïlande, l'histoire ne dit pas si c'est pour faire du pain ou...)
J'ai aussi eu la liste des films tournés sur l'île avec qui était figurants et "où logeait qui" parmi "le beau Monde)... au Chateau il n'y avait qu'une retrospective sur les films, pas autant de détails.

La maison louée était un musée de notre enfance : le mobilier, les ustensiles, les revues (Astrapi des années 80, super j'ai pu relire les copains des Tilleuls et Touffu), et un épluche pomme à manivelle ce qui nous a valu de manger 10 pommes par jour pendant 5 jours (combien pour le budget "pommes" des vacances sachant qu'elles sont bio?). 
J'en déduis que pour qu'ils mangent plus de fruits, je dois nous équiper de l'appareil redoutable.
Humide aussi la maison, j'ai eu les extrémités gelées tout le séjour : nez froid (bien qu'avec un coup de soleil, sensation étrange, je vous l'accorde), pieds glacés : deux paires de chaussettes le soir et doigts comme au ski en fin de journée de janvier (zut je n'avais pas pris mes gants).
Le premier soir j'ai mis toutes mes épaisseurs et multicouches laine, le deuxième soir, nous avons fait un feu dans la cheminée, le troisième soir nous avons allumé le chauffage (électrique, qui pue),
jour 5 : ça se termine!
comme les soirs suivants, ce fut le plus efficace. 

Résultats des courses : tout le monde a beaucoup glandé, beaucoup lu, beaucoup joué aux cartes aussi.
Et les enfants nous ont dit que finalement c'était bizarre de "rien" faire et que ça suffisait.
Nous voilà donc partis pour trois jours d'ouverture à la culture en Touraine.

On a gagné!







mardi 4 avril 2017

Le plein de belles choses#2 (voir)

Cy Twombly  - Non, ce n'est pas du gribouillage


Et dans le même temps, un vendredi de oisive (un RTT comme on dit, un jour d'école buissonnière pour être plus poétique) j'ai filé à Beaubourg, attiré par l'affiche de l'exposition de Cy Twombly. Je ne connaissais pas avant, savais peu de choses de lui, mais marketing bien fait : son tableau me parlait.

J'ai bien fait de m'écouter, j'en suis sortie galvanisée.
Le vendredi après midi à Beaubourg, même pendant les vacances scolaires c'est tranquille, presque les conditions idéales pour voir une expo. Je dis presque parce qu'il ya toujours les gens qui plantés devant les tableaux hochent la tête d'un côté, puis de l'autre comme si le changement d'inclinaison pouvait changer la perspective, et font des commentaires lénifiants : "le rouge est plus rouge là qu la, il a du mangé des épinards avant, non?"
Peu importe les imbéciles, ceux qui ne savent pas regarder en silence, se repaître en paix, se croient obliger de commenter, de donner du sens à leur sens.
peu importe.
Je me suis perdue dans ces tableaux, dans cette expo qui va crescendo.
J'ai fini très émue, presque aux larmes. "Respire, respire sinon tu vas a voir droit à un commentaire toi aussi..."
J'ai quitté l'endroit tout chose, et j'y pense encore.