lundi 21 mai 2018

Ame sensible s'abstenir #2

Atelier des lumières - expo Klimt


"Récemment, il s'était demandé si la dépendance était une si mauvaise chose. Il tirait du plaisir à ses relations  amicales, et il ne faisait de mal à personne, alors qui se fichait de savoir  si cela relevait de la dépendance ou pas? Et de toute façon, en quoi une relation amicale était-elle plus dépendante qu'une relation amoureuse? Pourquoi considérer l'amitié admirable à vingt-six ans, mais suspecte à trente-six? Pourquoi l'amitié valait-elle moins qu'une relation amoureuse? Pourquoi ne valait-elle pas plus même? Elle consultait en ce que deux personnes demeuraient ensemble, jour après jour, liées non pas par le sexe ou l'attirance physique, par l'argent ou la propreté commune, mais seulement par un accord partagé  de continuer, une dévoument mutuel vers une union qui ne pourrait jamais être codifiée. L'amitié comprenait d'être témoin d'un long écoulement des malheurs d'un autre, ainsi que de longues périodes d'ennui, et d'occasionnels triomphes. Elle consistait à se sentir honoré du privilège d'être présent pour quelqu'un dans ses moments les plus sombres er de savoir qu'on pouvait en retour se sentir déprimé en compagnie de cette même personne."

Une vie comme les autres  - Hanya Yanagihara

Comptons-nos amis avec cette définition : combien en reste-t-il ?
En quoi la définition de l'amour est-elle foncièrement différente - si ce n'est le sexe ?


Ame sensible s'abstenir #1



"Mon principal problème, c'était le manque de patience, mon incapacité à accepter l'ennui. Je m'éloignais pour chercher quelque chose à lire et oubliais que j'avais abandonné le risotto qui se transformât, du coup en une masse collante, ou bien j'oubliais de retourner les carottes dans leur flaque d'huile er revenais pour découvrir qu'elles étaient carbonisées au fond de leur poêle. Une grande partie de la cuisine, semblait-il, consistait à dorloter, baigner, surveiller, tourner et retourner, et tempérer : exigences que j'associais pour ma part à la petite enfance humaine. Mon autre problème m'a t-on dit, c'était mon insistance à vouloir innover, ce qui constitue, apparemment, un échec en pâtisserie."

Une vie comme les autres - Hanya Yanagihara

J'ai souri, presque ri à ce passage, au milieu de mes larmes. 
J'ai du pleurer les 100 dernières pages du livre. Et a plusieurs autres endroits des 800 et quelques pages que compte ce roman.
Il commence doucement, avec un goût de déjà-vu, avec ces 4 amis qui arrivent à New York pour l'Université et qui n'en sont qu'au début leur jeunesse, avec tous leurs espoirs devant, y compris celui d'être quelqu'un d'autre.
Mais ça change rapidement de direction(s), le récit devient les montagnes russes des émotions. Certains passages sont insoutenables à lire, un critique en a d'ailleurs fustigé "l'inutile violence". Je ne sais pas si c'est inutile, mais c'est extrêmement impliquant, difficile, insupportable. Il m'a fallu, par moment, le poser puis y revenir. 
J'en ai rêvé la nuit, abandonné Netflix et ses séries addictives pendant une semaine, y ai pensé le jour comme à des gens réels que je retrouvais le soir, même.

This is not a "feel good book", mais il est d'un tel réalisme, décrivant l'indispensable et l'intolérable des besoins humains de contact et d'amour, rendant la vie finalement juste précieuse. 

mardi 8 mai 2018

Que changer?

Violet de Mai sur notre façade

"Certaines personnes veulent changer le monde, d'autres leur compagnon ou leurs amis.
Moi j'aimerais changer Dieu. Ca, ce serait vraiment formidable. Est ce que tout le monde n'en profiterait pas?"

Trois filles d'Eve - Elif Shafak