mercredi 25 mars 2015

à propos de lire,

Evegneia Arbugaeva - Weather man

"Lire compulsivement affranchit du souci de cheminer dans la forêt de la méditation à la recherche des clairières. Volume après volume, on se contente de reconnaître la formulation des pensées dont on murissait l'intuition. La lecture se réduit à la découverte de l'expression d'idée qui flottait en soi ou bien se cantonne à la confection d'un tricot de correspondance entre les oeuvres de centaines d'auteurs.
(...)
D'où le rayonnement des ces gens qui posent sur le monde une vue libérée de toute référence. Les souvenirs de lecture n'interposent jamais leur écran entre ces êtres et la substance des choses".
Sylvain Tesson - Dans les forêts de Sibérie

Vous n'avez pas fini d'en entendre parler. Je pourrai citer le livre en entier, tant il met du baume à l'âme et ouvre des espaces que je n'imaginais même pas sur le monde et la place qu'on décide d'y occuper.
Lire et intégrer.
Lire et s'approprier.
Lire et aller plus loin.
Lire et faire sien.
Lire et transformer, puis transmettre.
Et ainsi de suite
Et ainsi va le monde.


dimanche 22 mars 2015

école buissonnière avec Evgenia (encore)

Evgenia Arburgaeva - series the weather man
Vous en ai-je déjà parlé? Je ne sais plus, mais je vous l'ai déjà montrée.
Evgenia est photographe, elle est née en Sibérie.
Je l'ai croisé il y a longtemps dans le magazine "6 mois". Et je rêve encore de ses photos.
Vous en avez vu, ses photos je vous les ai déjà montrées (the weather man - dans le billet "surrender".)
Elles parlent d'un monde lointain, le même que Sylvain Tesson. Elles mettent des images dessus. et tout ça  me nourrit, me repose, des pensées naissent que je partage avec vous et avec d'autres.
Ces photos créent pour moi des liens que je ne ferai pas.
Rien que ça.

Elles ont aussi créé un lien plus fort avec mon acolyte de travail. Je les ai partagées avec lui et nous régalions nos yeux, nos mondes intérieurs, nos rêverie, chacun de notre côté, mais avec la même constance et probablement la même intensité.
Evgenia est exposée à Paris, à la galerie In Camera (dans l'appareil / en privé en anglais, ou dans la chambre en italien). Mon acolyte est sensible à Evgenia, à sa poésie, à ce qu'elle dit. Je ne sais pas si elle lui dit les mêmes choses qu'à moi, mais elle lui parle de choses aussi profondes, qui résonnent "deep down inside".
J'ai pris deux heures dans nos agendas respectifs avec pour seule consigne : "tu prends deux heures, je t'emmène quelque part je ne te dirai pas où, et je te promets que tu ne perds pas ton temps."
Il est beau joueur. Il a tout noté, à 15h il m'attendait. 
"Metro ligne 12, Solferino, trouve nous comment on y va" parce que moi j'étais en retard.
Je lui ai parlé boulot sur le trajet en métro.
"regarde comme ces lions sont bien dessinés sur cette affiche". 
Exit nos sujets professionnels. Nous étions en escapade, nous devions nous préparer à autre chose, changer de registre, se mettre au diapason de ce qu'on aller voir, se préparer à la rencontre, être présents. Comment l'a-t-il su? 

Il faisait beau dans la rue las Casas. 
"on se croirait dans une rue de Saint Petersbourg" m'a-t-il dit. J'ai ri, il s'approchait. Sans le savoir.
"il y a-t-il quelque chose que je dois savoir avant d'arriver, genre dire bonjour la dame? ". Dernier réflexe avant de quitter la civilisation.

Et c'était là. On y était. Une toute petite galerie, et une quinzaine de photos. 
Et lui qui ne respirait plus. 
Et moi qui nageait déjà dans les photos.

Elles ne se racontent pas. 
Je me suis repue, je me suis perdue dans chacune, j'ai choisi celle que j'aimerai chez moi  - en pensée ou en vrai, peut être.
J'ai discuté avec mon acolyte de celle(s) qu'on aimerait bien pour le cabinet. A discuter avec nos associés.
Un moment avec le galeriste, puis de nouveau le soleil de la rue comme à Saint Petersbourg.
Au bout de nos émotions, nous sommes allés au café du coin. Ivres avant d'avoir bu.
Banquette de velours rouge et théière en argent, le confort discret des quartiers cossus nous a accueillis chacun à fleur de peau.
D'un moment partagé d'émotions, nous avons fait un grand moment de plaisir.








Changer le monde?


"Assez tôt j'ai compris que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose. Je me suis alors promis de m'installer quelque temps seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie.
j'ai acquis une siba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal.
Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché de vivre dans la lenteur et la simplicité.
Je crois y être parvenu.
Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac, suffisent à l'existence.
Et si la liberté consistait à posséder le temps?
Et si la richesse revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence - toutes choses dont manqueront les générations futures?
Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu."

Sylvain Tesson - Dans les forêts de Siberie

Je viens de finir cette lecture. Et je l'ai encore avec moi. En moi.
Chaque phrase est une invitation à la reflexion, au vagabondage méditatif, à une introspection vers ce qui nous dépasse, à explorer et expérimenter ce qui nous relie au monde.
Je ne suis pas sûre d'aimer l'homme, ni même de l'apprécier, mais ses carnets font avancer.
Et en les publiant, cet ermite moderne change le monde, du moins le mien et le regard que j'y porte.

lundi 9 mars 2015

Nouveaux temps d' iAttente


C'est arrivé aujourd'hui par SMS, de là où ils se lèvent tôt
Finalement en Chine, ils se mettent aussi aux toilettes à l'occidental, pour naviguer sur son iDevice, il vaut mieux être assis.  



dimanche 8 mars 2015

noRanne, journal de bord #4

Le Grand Hotel
Les mystères de cette ville sont impénétrables : un lundi de mars l'hôtel Ibis Style (MON hôtel Ibis Style, celui de la Gare) est complet. Je m'en offusque, passe par le site internet, puis par booking.com, appelle, encore le jour même pour s'assurer qu'il n'y a pas d'annulation qui me permettrait d'avoir une chambre. Mais non. Je dois changer d'hôtel. Moi, changer?
J'ai horreur du changement. Et d'ailleurs je viens ici, pour accompagner le changement chez ce client.
Et on me fait changer d'hôtel. un scandale.
Depuis le temps qu'on accompagne le changement, il n'est toujours pas autonome. Et moi je suis perturbée. Je me translate de 50 mètres dans la même rue, et c'est comme si je passais sur Mars (without a map)
Et bien presque.
C'est le Grand Hotel, splendeur passée, décorum suranné et effort de modernisme dans les chambres que dément une insonorisation ratée. Tu dors avec la personne de la chambre d'à côté. A l'Ibis au moins il faut que je sois dans la douche pour entendre mon collège chanter Bach sous la sienne (j'aime beaucoup mes collègues, même s'ils sont tous un peu bizarres).
Mais surtout j'ai aimé les couloirs, je me suis sentie dans Shining, vigilante à ne pas me prendre une voiture à pédale au tournant du couloir. Mes mails se sont couverts de redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum, redrum,

Heureusement le wifi ne fonctionnait pas et ils ne sont pas partis.



vendredi 6 mars 2015

Surrender

The Weather Man - Evgenia Arbugaeva
"Surrender. reddition (...)
Le moment est venu de me rendre. Le bonheur n'a pas voulu de moi, j'ai pourtant tout fait pour le mériter, tant pis ma décision est prise, j'abandonne."
L'amour et les forêts  - Eric Reinhart

Ce livre m' a été offert par un ami, il se reconnaitra, c'est un fidèle lecteur. C'est censé être une histoire d'amour. C'est surtout l'histoire d'une reddition, celle de cette femme jusqu'à sa mort. 
S'abandonner à vivre dit Sylvain Tesson, abandonner la vie écrit Eric Reinhart. Jusqu'à renoncer de choisir sa propre mort. Ce n'est même plus du laisser aller, c'est s'assurer que ça n'ira pas.

Ce livre est bien trop triste, même si dense et bien écrit. 
J'ai besoin de lumière, d'espoir et de croire que quand on est maitre de son destin, on ne choisit pas d'abandonner.
Et je préfère cette citation qu'une collègue m'a fait suivre : "je me porte bien dans la mesure où je me sens capable de porter la repsonsbailité de mes actes, de porter des choses à l'existence et des créer entre les choses des rapports qui ne viendraient pas sans moi." Canguilhem, écrits sur la médecine.
Abandonner c'est refuser d'occuper sa place dans la monde. 
Je suis en colère que certains n'y arrivent pas, qu'ils nous privent d'eux, de leur empreinte et ce qu'ils pourraient apporter.
Meme quand ce ne sont que des personnages de roman.