dimanche 25 mai 2014

La France à grande vitesse


Le TGV relie en moins de deux heures Paris à Metz.
On ne fait pas grand chose en deux heures, à l’aller je n’ai pas eu le temps de terminer la proposition commerciale pour un client et au retour il me restait une dizaine de pages à mon bouquin.
C’est juste le temps pour ne pas finir.
Mais, 2h c’est ce qui nous permet de rester en lien avec ceux qui comptent.

Metz, me direz vous, c’est dingue comme destination non ? Qui l’eu cru qu’un week-end de mai, prometteur de soleil, de chaleur, une sorte d’avant goût de vacances d’été on choisisse d’aller à Metz ?
Direction : plein est, pays lorrain, rien qui relie à une truc folichon…

Et pourtant,…

L’alibi de ce week-end, c’est la Messine. Une course de femmes, pour la recherche contre le cancer du sein. On s’inscrit, on paye, on court et hop. Il y a aussi un parcours enfant, il faut commencer tôt.
C’est l’évènement de l’année, il mobilise d’ailleurs toute la région, et fait « des vagues roses » dans les rues. Des dossards, mais pas de puces, pas de chronomètre, pas de classement : mais pourquoi on court alors ?
Le leitmotiv reste la découverte de la ville en courant les 6km prévus.
Effectivement, j’ai vu ce qu’il y a voir dans les premières 40 minutes que j’ai passé à Metz : ses quartiers, ses bords de l’eau, sa cathédrale,. On en a vite fait le tour, du moins superficiellement, après il faut prendre le temps pour rentrer dans les détails.
Encore faut il que le temps le permette.
Une bonne douche lorraine a interrompu notre (deuxième) tour de ville, celui avec les commentaires, l’histoire des bâtiments et les anecdotes croustillantes sur la syphilis de Louis XIII si je me souviens bien.  On a fini sur le canapé à la maison, à boire du thé, à lire un peu et à regarder un film ultra glauque qui rend pensif sur le monde dans lequel on vit …

Evidemment une visite de mine de charbon s’imposait.
Et là on se dit que peut être le monde d’aujourd’hui n’est pas si glauque. Le charme désuet des sites industriels abandonnés s’évapore vite dès lors qu’on imagine à quoi ressemblait la vie des gars là en bas, et des femmes là en haut. Quand on parle des conditions de travail, on sait exactement de quoi on parle. Cela ne va pas se cacher comme aujourd’hui, dans des détours alambiqués qu’on finit par nommer risques psychosociaux. Y en avait il moins à l’époque ? Probablement. Pour rester en vie, la solidarité était indispensable.
Que dire sur le fond (de la mine) ? La chaleur, la moiteur, l’odeur, la noirceur, le bruit aussi qu’on associe aux machines.
Que dire sur la surface? Les vestiaires qu’on appelle la salle des pendus, des cadres qui avaient des baignoires et des ouvriers des salles de douches collectives, grandes carrelées, qui m’ont immédiatement ramenée à l’image que j’ai des chambres à gaz.
Que dire de la vie des familles ? Du collectif avant tout, où la base vie d’expatriés (où nous étions en Chine) n’en est qu’un piètre exemple, on habite ensemble, on fait ses courses ensemble, on se soigne ensemble, on part en vacances ensemble… des mineurs tout le temps, des femmes de mineurs, des enfants de mineurs…
Quand on n’est pas enfermé au fond de la mine, on est enfermé dans sa vie de mineurs avec d’autres mineurs. Je serai morte dans une vie comme celle là, asphyxiée.

Heureusement pour moi, je vis à une époque où il y a des Décathlon. Nous sommes passé, à ma demande, au Décathlon de Metz. Il y a plusieurs Décathlon dans cette région (c’est parce qu’ils ont la Messine, ça c’est pour ceux qui ont suivi), et aussi un Ikea. Ikea et Décathlon sont les signes visibles d’une société évoluée. Pour preuve, à Shanghai, il y avait les deux.
Je suis une fan des Décathlon. J’y vais une ou deux fois par an, toujours en province, rarement au même endroit. Ca me permet d’être une bonne mère. Je fais le plein de baskets à la bonne pointure, de chaussettes de sport et pendant 6 mois je n’entends plus « je touche au bout de mes baskets » et « j’ai un trou à mes chaussettes de sport ».

Et qu’est ce qui fait que Metz est devenu hype ?
Non ce n’est pas grâce à Florange, bien que Monterbourg y a fait maintes apparitions.
Ca rime d’ailleurs… ?

Beaubourg.
Le nouveau, tout beau centre Beaubourg Metz. Y en a qui font le Louvre Abbou d’Abi, d’autres sont plus modestes dans leur ambition.
Mais quel bâtiment ! Toujours vide d’après nos copains qui en bons parisiens expatriés sont abonnés à tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la culture.
Pas de jour là. Tous les messins, et plus encore se sont donnés rendez vous à l’expo paparazzis, pour voir Jackie Onassis nue, le sexe de Britney Spears (que je ne connais que de nom, et dont maintenant j’ai vu le sexe – épilé -), Stéphanie et Caroline de Monaco enfants, et Mazzarine Pingeot lors de la révélation de son existence.
Les enfants se sont ennuyés, moi pas loin.
En sortant, dans le hall d’entrée, sur des lits faisant partis d’une expo qui oscille entre happening et vitrine, un touriste chinois s’était endormi.
J’aime bien l’idée que finalement on accommode l’art à sa manière.

Mais ce qu’il y a de bien à Metz, surtout ce qu’il y a de bien, à deux pas de chez nos copains, c’est « les arrangés du bocal ».
On couche les enfants, on leur dit le téléphone est là, on est au bout de la rue, et on va s’en jeter un. Pas un petit blanc non, pas un petit rouge non plus, ni un petit noir.
Un ambré, mordoré, bien fort, bien gouteux.
Un rhum, arrangé ou pas. Un qui vient de loin, pas forcement des Antilles et qui envoie loin.
Il a fallu que j’aille à Metz pour découvrir le rhum. Comme quoi, la France a grand vitesse, nous fait voyager encore plus loin que ce qu’on imaginait.


















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