lundi 16 février 2015

Ca va s’arrêter, ça doit s’arrêter,

Shane Lavalette - Bird choir in Austin (from the New Yorker)



Il y a la pyramide de Maslow, le théorème de Pythagore, la loi de Murphy, le principe de Peter, et quelque chose qui ne semble s’apparenter à aucune loi, mais on aimerait bien.
On aimerait bien surtout que ça s’arrête.

Ca a commencé pour moi un vendredi où j’avais réussi à poser un jour de congés.
J’avais rendez-vous le matin pour faire enlever le plâtre de mon fils. Pas un vrai plâtre, une résine. Sur la route, je me suis dit que peut être il fallait évoquer l’éventualité qu’il ne reparte pas sur ses deux pieds, mais avec une nouvelle résine. Il a négocié alors de se laver uniquement un jour sur deux.
Il a été malin, car il est sorti avec une nouvelle résine au pied droit pour 2 semaines.
Déçus, on s’est tous les deux remonté le moral en regardant des albums photos toute la matinée, car l’école ne prend pas les élèves quand ils arrivent trop tard. Et on paie pour ça, c’est une école privée.
Dans l’après midi, j’ai été appelée par le bureau. Je savais que c’était plutôt un problème car ils ne me dérangent pas quand j’annonce clairement que j’ai un jour off.
La conf call du vendredi soir à 18h était déprimante. Une de mes clientes est arrêtée pour un mois. Un nouveau burn-out, 6 mois après le premier. Ca s’annonce mal.
Son chef est désorienté, avec le sentiment d’être trahi.
Mon week-end est en l’air. A part retourner dans tous les sens, ce que j’avais fait, pas fait, aurais pu faire aurais du faire… je n’ai pas trouvé de repos. Je ne suis pas un super héros. Je l’écris à longueur de ces pages, et je désespère de ma condition humaine. Je me heurte à mes limites, je rage sur mon impuissance.
La semaine qui suit, je me sens « en convalescence », comme si c’était moi qui était malade.
Cette même semaine, je loupe mon train. Pour Roanne. Et pourtant j’avais motivé le taxi, il a même grillé un feu rouge. Mais la gare de Vaise (à Lyon) est une gare de quartier, petite et mal indiquée.
4 quais, et les trains pas annoncés sur grand écran.
J’ai hésité, je suis montée sur le mauvais quai
et j’ai vu mon train,
le TER rhône alpin, quitter la gare sur l’autre quai.
Je n’y croyais pas : ça ne pouvait pas m’arriver à moi.
Dans les films, il y a un homme qui apparaît derrière et l’histoire finit bien.
Dans ma vie à moi, ce jour là, je suis tombée en rade de batterie de téléphone.
Et il n’y avait pas de ligne de taxi devant la gare.
Et je n’avais pas de monnaie pour prendre le métro.
Le bon côté de choses, je suis rentrée plus tôt à la maison. Accueillie par la gastro du petit dernier.
Une nuit d’enfer, la journée du lendemain à la maison, en annulant tous mes rendez-vous et en menant une partie de mes réunions au téléphone sur fond de Barbapapa en boucle à la télé.
Le lendemain j’ai fait un flop dans un comité de direction. J’ai présenté un dispositif que personne n’a compris. Grand moment de solitude. Je suis repartie tout ébranlée de mettre prise les pieds dans le tapis, envoyant les textos à l’équipe pour ventiler, j’en ai oublié mon gant dans le taxi.
Ce même après midi, j’ai versé du café dans ma tasse de thé avec mon sachet.
J’ai pensé très fort à ma collègue, qui quand elle a des séries comme ça se dit « quand mon paquet de lessive sera terminé, ça s’arrête ». La différence est que moi, j’ai un paquet de lessive format familial.
Dans la suite, celui avec son plâtre (en résine) au pied a fait un rhume de hanche et ne pouvait plus du tout marcher.
Une cliente a fait une crise de panique.
Le pneu arrière de mon scooter était à plat.
Et mon paquet de lessive n’est toujours pas terminé.



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