mercredi 15 avril 2015

noRanne journal de bord #6, la Vitrine



la Vitrine dans un bureau de noRanne


Les gens se sont aussi habitués à moi là-bas, ils me prêtent leur bureau, et je deviens pour quelques heures la gardienne de la Vitrine.
C'est toute sa carrière qui est racontée là, ça parle de sa vie, de sa fierté, de tout ce qu'il y a mis et y met encore, et je ne parle pas de son implication un peu trop personnelle avec l'assistante du Directeur de l'Usine. 
Oui mais ça, on sait tous : pas de femmes en usine! "Les gars ne savent pas se tenir et ça fout le bordel". J'ai failli lui demander si en les voilant (les femmes) ce serait possible en usine?
 Je n'ai pas posé la question car d'un point de vue sécurité de fonctionnement des voiles partout ça se prend dans les machines tournantes, sans compter que la burka gêne un peu la vue pour le contrôle qualité. 

J'ai adoré ce que nous avons fait là-bas dans cette usine. J'ai adoré les gens que j'y ai rencontrés. Certains me le rendent bien d'après ma collègue, car il y en a un qui ne me quitte pas de yeux. "Connivence liée à la couleur des cheveux" diagnostique cette même collègue. Elle est forte, elle fait à la fois le recueil des données et son analyse!
Alors que dire ce site qui devait fermer et qui en prend pour 5 ans au moins, voire plus? 
Que dire de ces ouvriers qui sont des "vrais gens" -  pas des caricatures comme le reportage de XXI le montre des ouvriers de Peugeot à Sochaux?
J'ai aimé leur contact, leur façon de penser, d'aborder la vie rude. Je vous rappelle : toute la journée des chaussures de sécurité aux pieds, des bouchons d'oreilles pour le bruit, l'odeur partout jusque dans les dessous, la température tropicale même en hiver et le gilet jaune... 
On oublie les effets vestimentaires, la pause pipi quand on a envie et la cigarette quand on veut.
On oublie le travail en musique, le café avec son collègue, la théière sur le bureau, les échanges informels, les rires et les prises de bec, ...
on oublie.... la vie au travail.
Il ne reste que le travail. 
Alors c'était indispensable qu'il reste ce travail.
Et important qu'il se fasse dans de bonnes conditions.

J'aime participer à ça. 
J'aime croire que j'y laisse une empreinte. 
Et que j'ai servi, que j'ai apporté une pierre à l'édifice.

C'est quand on prend sa part dans ce qu'il se passe qu'on a trouvé sa place.
J'y suis, j'y reste.

la gare de Monceau les Mines, presque belle en cette saison!

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