dimanche 5 septembre 2021

Helléniques portraits élogieux # à table

La Piquette en version blanc

 « I don’t do reservation, love”, m’a dit la taulière du restau au coin de la rue sur l’île quand en passant je lui ai demandé si on pouvait réserver une table pour le soir, vu qu’à partir de 20h30 se forme une longue queue. Ca fait exactement trente ans qu’on ne m’a appelé « love », depuis que je n’habite plus Leeds (UK). La première qui m’a donné ce nom est la milkwoman qui passait le vendredi soir dans notre shared house prendre les commandes et encaisser les sous. Je ne sais plus si mes flatmates avaient droit aussi au surnom, la première fois j’ai hésité entre loaf, laugh, sans être certaine d’avoir bien compris, mais je ne voyais pas le lien avec le roti ou le rire. Avec l’accent du Yorkshire ça donne quelque chose comme « loaf »  et je l’ai mieux compris quand la dame des sandwich m’a dit « tha, love » pour « merci ma chérie ». Trente après, j'ai eu l'effet d'une madeleine de Proust à l’oreille ! Je me suis sentie petite et très inexpérimentée devant cette tenancière, grande et forte de sa personne, mais nous sommes venus de bonne heure et nous avons eu une table, sans réservation.

Le mot est un concept, dans plusieurs restaurants qui « font les reservations » nous sommes arrivés sans et nous avons eu une table : avant, à côté, ou à la place, mais à chaque fois nous avons mangé. Souvent bien, parfois très bien, jamais mal.

La table ne fait pas le service, et encore moins le menu.
Le kebab ici est une saucisse grecque, un mélange de viande agneau, porc et bœuf ou poulet. Bref ce qu’il doit rester en cuisine. Pour avoir un kebab, il faut demander un gyros, il existe en porc et poulet pas en agneau (ça c’est en Turquie). Le burger ne comprend que le pati de viande, pas le pain. La tête de mes iAdos quand ils ont vu arriver leur assiette de viande avec plein de légumes (et des frites tout de même) mais sans pain ! 
Le souvalki est la brochette et le souvlaki portion regroupe 3 brochettes avec du tzatziki, des tomates, du pain pita et de la salade, souvent des frites.
Le tzatziki peut être « kissing tzatziki» ou la version « no kissing », c’est la quantité d’ail qui fait la différence. Si vous en mangez tous les deux, il est alors possible de prendre la version no kissing et s’embrasser quand même !

Le service est … difficilement qualifiable. Pas au sens où il est mauvais, au sens littéral où je ne trouve pas de qualificatif. Les gens en contact avec les touristes sont vaccinés : le gouvernement grecque n’a pas vacciné ses vieux, il a vaccinés ceux qui travaillent. En France, nous avons salué les petits métiers en contact avec le public lors du premier confinement, mais au delà de notre respect, ils n’ont pas eu notre attention, ni rien de plus que nos intentions. 
Vaccinés et sympas, toujours agréables. 
Etourdis; je dirai. 
Oui, le service est étourdi. Une partie de notre commande a été oubliée de façon quasi systématique : un jus d’orange, un tzatziki, des pancakes, des cafés, le plat principal (c’est plus embêtant). Parfois nous avons reclamé (il faut bien mangé !) parfois non. 
Un matin, avant de prendre un bateau pour changer d’île, nous sommes tombés dans un café tenu par une grande dame, tout en muscle, qui avait l’air de tout (libraire, professeure, marathonienne…) sauf d’une tenancière de café : 
Mon iAdo  : Je voudrais un chocolat froid, 
La Dame : Non, non ne prenez pas ça, il n’est pas bon.
Il commande des pancakes, plus tard arrive une haute pile de pancakes, et la dame nous dit : Je n’ai plus de pate à pancakes. 
Les autres iAdos attendaient tout de même leur petit-déjeuner. « ben des crêpes alors »
La dame : ok je fais de la pâte à crêpe.
Ce qui a pris un certain temps… Entre temps, nous n’avions pas eu nos cafés frappés : vous avez oubliés nos cafés ?
La Dame : oui ! totalement.
Ils ont fini par arriver, comme les crêpes d’ailleurs. Comme un couplet sur les plus jolies îles des Cyclades, comme un commentaire sur les livres que nous lisions…

Qui dit à table, dit que boire. Et là, ce n’est pas la joie. 
Ces vacances ont été mon « dry January version été ». 
La bière présente partout, plusieurs marques présentées comme locales ont toute le même goût, celui de la Heineken. Je crois que je ne connais pas de bière plus mauvaise. C’est pisseux, avec ce petit arrière-goût de plâtre et de rot dans la bouche. 
Je me suis abstenue.
 J’ai essayé plusieurs fois le vin. J’ai eu du vinaigre pétillant, buvable frais, à eviter dès qu’il est à température. J’ai eu de la piquette version blanc, qui donne l’illusion très frais mais reste de l’acide imbuvable au-delà. 
Deux fois, j’ai eu un très bon Chardonnay, dont un verre a été renversé par mon iAdo dans mon assiette, grande perte et grand regret pour une fois que j’avais quelque chose de respectable dans mon verre. 
La Grèce ne fut pas une découverte œnologique en ce qui me concerne. 
Dans les endroits touristiques j’ai essayé les cocktails. Je me suis aventurée dans les créations maisons, parfois à regret, surtout quand le verre s'est présenté tel un ballon de vomi vert, épais et odorant. Le serveur très content est venu me demander si le truc me plaisait ; j’ai dit oui, … il était sympathique.
La fois suivante je suis restée sur un classique Mojito, en me demandant où était le rhum..
Ce voyage ne fut pas une étape alcoolisée, comme certaines auparavant où bières, vins et cocktails étaient des tentations de tous les apéritifs.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire