dimanche 27 septembre 2015

Lectures estivales

Quand le diable sorti de la salle de bain 
de Sophie Divry.

Une pépite. Roman improvisé, interruptif et pas serieux, nous dit on sur la 1ère page.
Et c’est vrai. 
C’est un bonbon à savourer qui ne serait pas sucré, une histoire qui n’en est pas une, une madeleine de Proust sans le gâteau… 
C’est frais, original et l’écriture créative et démonstrative. 
Un aperçu :
« il me manquait toujours de mots. Il n’y a pas de mot pour dire « du samedi » par exemple, alors qu’il existe un adjectif pour dire « du dimanche », dominical. Le repas dominical, tout le monde a compris, mais comment dire la piscine du samedi ou la partie de jambe en l’air du samedi ? (…)
Il n’y a pas d’expression désignant l’occupation qui consiste à discuter entre amis des films qu’on n’a pas vus. Il est temps d’inventer quelque chose pour remplacer l’expression lénifiante « j’ai commandé sur internet ». J’ai besoin d’un verbe pour dire « jouer faux »,il serait associé à l’apprentissage du violon ».

Je ne résiste pas non plus à vous faire partage sa tactique  pour  avoir la place côté fenêtre dans le train :
« si par malheur ma place est côté couloir, je m’assois tout près de la fenêtre et je fais semblant de dormir. Lorsque survient le propriétaire en titre je fais semblant de dormir, il y a de grandes chances :
1°) qu’il ne sache pas discerner  quelle était sa place légitime sur la banquette – c’est la clause dite de l’empoté ;
2°) qu’il n’ose pas me réveiller – c’est la clause de politesse ;
3°) qu’il s’aperçoive du subterfuge mais, que par générosité il n’en fasse pas grand cas – c’est la clause du grand seigneur, qui, contrairement aux deux autres vous assure la jouissance définitive de la fenêtre, si long que soit le trajet (cette dernière clause étant souvent concédée aux femmes par les hommes, cela va sans dire)
Evidemment,, si j’ai une place « fenêtre » et qu’un petit malin me l’a piqué, je le dégage fissa ».

Et pour ne rien gâcher au plaisir, c’est aux Editions Noir sur Blanc, la collection Notabilia, le livre en soi est un Objet : couverture rouge cornue, papier tout doux et quelques surprises à découvrir à l’interieur…

A l’origine notre père obscur 

de Kaoutar Harchi
Attention, mieux vaut prévenir, ce livre n’est pas une partie de plaisir. C’est de la violence faite aux femmes ou comment en niant ce qu’est une femme on tue la liberté de tous, y compris celle des hommes.
Divinement écrit, il nous retient le souffle, tend nos muscles, crispe les mâchoires, hurle à l’intérieur, génère des flots d’invectives et des salves de coups de pied, donne envie de partir loin de quitter un monde où des choses pareilles sont possibles et en même temps de les tuer tous.
« Et je parle, je parle, je luis dis merci de m’avoir préparée avec dureté, avec distance, avec froideur, à ce qui désormais m’attend. Je lui dis merci de m’avoir habitué au manque, à l’insuffisance, à la rareté, mérci, car grâce à elle plus jamais je n’aurai faim, plus jamais je n’aurai soif, plus jamais je ne serai seule. Je lui dis merci pour son amour qui ne m’a jamais comblée, pour sa présence qui ne m’a jamais satisfaite, pour ses baisers qui ne m’ont jamais consolée. Merci de m’avoir appris, en m’aimant de si loin, en m’aimant si peu, en m’aimant si mal, à devenir ma propre mère, à m’aimer moi même ».


La ballade d’Hester Day 
de Mercedes Helnwein
Gentiment déjantée, sans le vouloir, juste pour se sentir vivante, Hester Day semble faire n’importe quoi. Et pourtant, tout est juste, cohérent dans son référentiel à elle. C’est un gentil road movie, comme les Américains savent en faire, avec Happy End garanti. Certainement pas inoubliable, mais revigorant d’optimisme quand parfois on doute de nos semblables.
« Et je n’ai jamais vraiment cessé de souhaiter que Jack soit éternellement à mes côtés pour me rappeler à quel point les choses euvent être simples. A quel point on s’obstine à emberlificoter nos attentes, dans la vie, de tout un tas de complications inutiles. »
En bonus, une play list : le titre de chaque chapitre est inspiré d’une chanson dont on nous donne les références. Ca donne ça sous Spotify https://open.spotify.com/user/tom.anna.carter/playlist/1onMOKmrIbt55uGde6ED97



 
Le cœur du Pélican 
de Cécile Coulon
« le monde ne sera jamais assez vaste pour accueillir des hommes comme lui. Le monde ne comprendra jamais que les grands hommes ne sont pas ceux qui gagnent, mais ceux qui n’abandonnent pas quand ils ont perdu».
Le héros court tout du long. J’ai l’impression de faire mon jogging en lisant une chapitre. C’est bien : je fais du sport depuis mon canapé.

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