dimanche 29 mai 2016

Il est temps de quitter l'âge de fer pour celui de faire, (messieurs les syndicats)

MEP - Alain Pras - "l'âge de fer"

Après l'engouement des foules pour Bettina Rheims, nous sommes retournés à la MEP.
Bettina Rheims : oscillation entre accès populiste à la culture et alibi des bien-pensants pour s'adonner à leur tendance voyeuriste-de-stars. Comme en son temps, David Hamilton a eu du succès avec son erotico-romantico style...

A la MEP donc. 
Et au sous-sol, une exposition d'un ancien patron, pris sur le tard par la photographie et qui se passionne pour les paysages industriels. D'autres s'y sont essayé avec plus ou moins de succès. Lui s'en sort bien. Et surtout, il a photographié toutes les raffineries de France et de Navarre et plus loin encore. J'ai eu la bonheur (vraiment?) d'en visiter beaucoup pour une mission menée il y a quelques années.
Je dois l'avouer, je suis facilement fascinée (à dire vite, à haute voix...) par les sites industriels,  l'automatisation et le gigantisme.
En arrêt devant ses grands portraits polychromes de lieux plus ou moins en activités, bien avant que la CGT ne décide de les bloquer (de les débloquer aussi rapidement).
Les raffineries (en France) sont des dinosaures. Avec tout ce qui va avec la métaphore : grandes (trop ou pas assez), inadaptées à leur environnement, en voix de disparition, emblèmes de la fin d'un monde.
Comme la CGT, d'ailleurs.

Dès lors qu'on est digne de musée , accroché, présenté, sublimé, il semble que ce soit le début de la fin. La fin d'une période, le début d'un revirement.
Les choses, les thèmes sont célébrés parce qu'un artiste  - peut-êrte plus sensible que la moyenne d'entre nous - sent l'air du temps et le passage vers autre chose. Et se fait alors le témoin pour la postérité de ce qui ne sera plus.
Du coup, les raffineries, mais d'autres choses aussi.
Zut, aucune exposition sur la CGT jusqu'à présent.
En revanche notre modèle sociétal bouge.

Des gens passent la Nuit Debout, partout en France. 
Pour réfléchir, se tenir chaud, discuter, partager et peut-être aboutir à quelque chose pour repenser la discussion dans la société.

Certains se mobilisent contre la loi sur le travail. 
Ne nous y trompons pas : cette loi ne change en rien ce que se fait aujourd'hui ni pour les patrons, ni pour les salariés.  
En revanche, elle questionne le rôle de syndicats, localement dans nos entreprises et nationalement dans les Branches, et surtout le financement de tout ce système. Elle met le doigt sur ce qu'il est censé apporter : un équilibre entre les parties prenantes, l'ingénierie d'une discussion, et l'atteinte de consensus...bref ce qui doit faire démocratie au sein de l'entreprise, ou plutôt dans le monde du travail.
Parce que le monde du travail, demain,  ne sera plus l'entreprise.
On commence à le voir dans la vraie vie : les Uber, les Deliveroo... et tant d'autres que je ne connais pas.

D'autres vont au festival de Cannes. le cinéma qui a toujours un temps de retard est au mieux témoin de ce qui se passe maintenant, quand il ne se contente pas d'une vision historique.
Ken Loach qui reçoit pour la deuxième fois la Palme nous le rappelle "Le cinéma est porteur de nombreuses traditions, l'une d'entre elles est de présenter un cinéma de protestation, un cinéma qui met en avant le peuple contre les puissants, j'espère que cette tradition se maintiendra"
On l'espère aussi Ken. 
On y croit un peu avec des films comme "Merci Patron" ou "Demain" dans un tout autre registre. Je n'ai vu ni l'un ni l'autre, mais j'y compte bien et j'en pense déjà le plus grand bien. 
(ndr : oui, on a le droit d'avoir des a priori positifs sur les films qu'on n'a pas vus)

C'est déjà pas mal et c'est plus réaliste que ce qu'écrit JM Lalanne dans les Inrocks "c’est aussi à l’intérieur des salles qu’on attend le festival de Cannes qu’il fournisse des outils de compréhension, voire d’intervention face au durcissement du monde du travail". 
Outil d'intervention? Nuit debout peut être un jour, mais le cinéma non, Cannes encore moins.
Mais l'intention est louable.
Seriez vous syndiqué Monsieur Lalanne?

Alain Pras - l'âge de fer



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