dimanche 4 mars 2018

Solidarité

Vague de froid

Vague de froid, j'ai pris le métro.
J'ai de nouveau délaissé mon scooter. 
J'apprécie de temps en temps le métro, surtout en période de vacances scolaires, il y a moins de monde, je n'ai pas les contraires horaires de l'école, je mets mes écouteurs à fond et je laisse le temps filer.

Avec le froid, les sans-abris descendent dans le métro. Ce qui me rassure ailleurs. Je guette les lieux habituels où certains s'installent et quand il a fait si froid, ces endroits étaient désertés, ne restant souvent que des cartons, une couverture ou un sac parfois. Je stresse de savoir des gens dehors, je repense aux tentes le long du canal sous la neige et maintenant par les températures sibériennes.
Dans le wagons, deux gars, proches de la cinquantaine,  habits corrects, sacs au dos, gants et bonnet, un sandwich tout mou à la main.  Je vais pour m'assoir, le gars m'indique un autre siège pour qu'il reste à côté de son collègue. 
Je ne sais quoi dans leur attitude indique qu'ils sont sans abri. Mais ce n'est pas l'odeur, pas la saleté, pas leurs habits, pas non plus leur façon des comporter ou de parler. Pour autant, ce sont des gars de la rue.
A Bastille, monte un vieux, un vrai clochard, poussé aussi dans le métro par le froid. Ses chaussures à lui sont percées, il a plusieurs couches de pantalons dont il fait attention de ne pas aligner les trous, il a de la crasse sur les mains et le visage, sa barbe est un mélange de choses indéfinissables... 
Il fait la manche, il articule à peine, mais pour comprendre qu'il réclame une pièce ou à manger on n'a pas besoin de mot. 
Je n'ai rien à donner, j'ai filé mon dernier ticket restaurant à une dame de 50 ans que je n'avais plus vue depuis des années et dont j'espérais qu'elle s'en était sortie. Visiblement pas dans la durée.
Je n'ai que des pièces rouges ; ce qui m'embête car je donne systématiquement, surtout aux femmes, surtout quand il faut froid.
Un des deux sans-abri a filé son sandwich tout mou, sans hésiter, spontanément, comme si c'était normal : quand on a un bonnet et des gants et un sandwich, on le donne à celui qui n'en a pas et qui a des trous partout.
J'espère juste que le pain sera suffisamment mou pour que le vieux clochard puisse le mâcher avec ce qui lui restait de dents.

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