jeudi 20 août 2020

Il était une rando -J#2


Au petit matin


Seul notre réveil sonne à 6h dans l'annexe. Dans le 3ème dortoir, un groupe avec deux papas et 4 enfants sont arrivés à 19h passés, aussi trempés et frigorifiés que nos autres voisins (ceux qui nous ont déclenché le chauffage).
Comme dirait mon iMari "ils n'ont pas retenu la leçon de partir tôt".

Quand on arrive dans la salle à manger pour le petit déjeuner, nous ne sommes pas les premiers, et nous sommes même nombreux à la fraiche,  pas très réveillés, avec nos bols de café, thé et chocolat chaud servis dans des breaux de cantine. Le petit déjeuner du randonneur vaut le dîner : protéines qui tient au corps. 



Nous sommes partis un peu après 7h, avec nos sacs à dos, nos outres pleines d'eau, nos chaussettes qui puent, nos chapeaux et nos lunettes à l'annonce d'une belle journée. La première demi -heure est le temps qu'il nous faut pour se réchauffer, se remettre en route, oublier les tendons qui tirent, les muscles raides et la perspective de la longue journée. Se remettre dans le rythme : marcher, respirer, boire, et manger plus tard. 2 cols à passer aujourd'hui, 8h  de marche prévues au topo guide. On sait qu'on est plus rapide que la référence, mais on sait aussi que c'est une longue étape.









La pluie de la veille a gonflé le torrent, le pont de bois est recouvert de pierres emportées par l'eau dans la pente, l'herbe est spongieuse, les chemins ravinés.  Le raidillon avant le col a perdu son chemin, le tracé s'est effacé sous l'orage, on marche en hésitant entre la ravine du ruissellement, les drailles façonnées par les vaches et  les symboles rouge et blanc qui restent du tracé du GR. 

Je marche à l'ancienne, penchée sur mon sac à dos, sans cannes. Je suis une minorité résistant à l'appel technologique de la marche. Je me fais doubler par de jeunes gens sautillant entre leurs bâtons de marche.

J'ai déja du faire allégeance au progrès en changeant de sac à dos. Mon fidèle Millet  - rose et bleu - était à la pointe de ce qu'on faisant en matière de sac à dos en ... 1987. Je l'avais acheté pour partir en Israël, il n'avait aucune poche, c'était juste un tube, solide, grand, réglable et confortable. Il m'avait suivi dans tous mes voyages, jusqu'à ce que j'achète ma première valise en 2006 quand nous avions eu notre 2ème enfant, et que nous avions un bébé dans le porte-bébé, un autre enfant à la main, un sac de voyage avec les passeports et les couches, et que pour voyager deux mois en Australie, il nous fallait une valise pour quatre personnes, à roulette.


Mon vieux Millet est troué, l'armature plastique s'est déformée, il n'y a rien pour y accrocher une outre à eau... C'est ce dernier argument qui a eu raison de ma résistance à le garder pour cette nouvelle randonnée.  J'ai aussi du acheter des nouvelles chaussures de randonnée (merci le Vieux Campeur) et des lunettes de soleil pratiques et solides, adieu le  look de parisienne glamour à la montagne. Comme dit mon iAdo : "quand on est vieux on doit tout remettre à neuf".  J'espère juste qu'il ne parle que de l'équipement...

On croise des vaches en alpage avec leurs jeunes veaux, des fleurs de couleurs, des montages en dentelles, des ruisseaux qui débordent, des oiseaux qui sautillent, des marmottes qui sifflent à notre vue. 

Je souffle, je sue et pour la première fois je me dis que des cannes de marche seraient peut-être utiles.

Col de Péas à 2629m. Un col large, entouré d'alpage des deux côtés, toujours du vent. Les randonneurs s'y arrêtent, cassent la croute, échangent quelques mots, nous racontent leur problème de genou ...

Longue descente jusqu'à village de Souliers. A la pause de midi, en auscultant la carte, on y découvre un contournement. Au lieu de remonter le Col du Tronchet à 2347m (nouveau dénivelé positif de 500 m), il y a une route forestière plus le GR5 à flan de montagne qui contourne.  Tentation ...?

C'est le dernier iAdo avec une courbature sous le pied, qui se met à pleurer au bout d'une demi -heure de reprise de marche, qui sonne pour moi le glas du 2ème col. On trempe le pied douloureux dans la fontaine d'eau  froide, on fait un massage à l'arnica, et on fait demi tour vers le village de Souliers pour prendre la voie alternative. Mon iMari poursuit avec les deux grands vers le col tandis que je rebrousse chemin pour une trajectoire supposément plus facile avec le blessé. 

Le chemin de contournement sera long, avec ce demi tour nous avons pris une heure de marche de plus, il fait chaud, il est fatigué, il n'a plus le moral :  "j'ai perdu le plaisir de marcher là maintenant" me précise t -il à un moment. Comme si j'avais des doutes!


On fait des pauses : pipi, boire, massage au pied, banc pour la vue... le village n'en fini pas d'arriver. L'autre team arrive avant nous au gite d'étape, je suis rétamée, lui aussi. Mais il y a des oreillers sur les lits, des vrais draps sur les matelas, la maison est magnifique avec le lierre sur sa rambarde en bois, le ruisseau au fond du jardin...

La maison grince, ses vieux planchers sont patinés, ça sent le bois et le temps suspendu. le tenancier est agréable, drôle et direct. Pas de vin ce soir, ca nous évitera la piquette queyrassine, fromages du coin et iles flottantes en dessert - je n'en avais pas mangé depuis celles de mon grand père (c'était tout de même plus récent que mon sac à dos).

On impose le bain de pieds dans le ruisseau comme un cure pour les courbatures, le goûter comme un remontant et les pâtes au repas du soir sont abordées comme un bon présage. Pas d'orage ce soir, j'achète des cannes de marche au magasin de sport du village, mon iMari une housse de protection de pluie pour son sac à dos antédiluvien (mais pas étanche). 

Le moral des troupes remonte en se couchant, l'étape du 3ème jour est la plus courte (5h au Topo Guide).


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