mercredi 4 novembre 2020

Se moquer de (presque) tout

L'Inde dans les années 1920

"J’ai donc rejoint, de fort mauvais humeur, Annie et lui pour les deux plus longues heures de ma vie, assis à l’avant d’une Rolls Royce ridiculeusement camouflée, pendant que l’homme auquel je viens de sauver la vie est assis à l’arrière et essaie de flirter avec l’objet de mon affection. Sur l’échelle des expériences, celle-ci se situe légèrement au-dessus d’une attaque au gaz moutarde dans une tranchée."

Les princes de Sambalpur – Abir Mukherjee

En ces temps confinés, je me sens totalement enfermée. Privée de Beau, d'expositions, de paysages autres que le parc en face de chez moi, de grandes toiles au cinéma, de la Vie-Comme-Elle-Va dans les rues, de voyages... Je cherche par tous les moyens à m'évader. 

Et je finis par y arriver en lisant loin, en regardant des films d'histoires (les petites,  pas la Grande - je suis une "femme à histoire(s)" comme dit mon iMari) sur des espaces ouverts. J'ai abandonnée les séries Canal qui se passent en France (Baron Noir, Engrenages : glauques et enfermants, même si très bien).
J'ai opté pour "Un garçon convenable" sur Netflix, mini série d'après le pavé littéraire de Vikram Seth. Le livre est bien mieux que la série, mais comment retranscrire les nuances des 1000 pages en 6 épisodes? 
Ca m'a fait l'effet attendu : le voyage en Inde, celle de 1950, très moderne par certains aspects et surtout insouciante et porteuse d'espoir.
J'ai poursuivi avec ce roman de Abir Mukerjee (dont je vous ai déjà parlé, il y a un an, c'est un Ecossais rappelez-vous), dans l'Inde coloniale des Maharadjas, des Princes, des diamants et des éléphants. 
C'est classé roman policier, il faut bien un critère. On ne le lit pas pour l'intrigue, on le lit pour le dépaysement, pour être écrasée par la lumière, mouillée par la mousson, prise dans la chaleur, enivrée des odeurs, ébaubie des rites, curieuse des religions, amusée par les protagonistes qui ne sont pas des héros, décalée au début du siècle dernier où tout prend du temps, quand prendre un verre était un rituel en smoking...
Et soignée par l'humour - so British - dans une écriture quasiment au deuxième degré, comme une discussion  dérisoire tout du long où on passerait son temps se moquer gentiment de tout.
J'aurai besoin en ce moment de me moquer de tout. Ce roman est un remède, le temps de ces 300 pages.



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