mercredi 4 novembre 2020

Ce qui nous dépasse, et nous enchante aussi


Louise Erdrich

"Il est difficle pour une femme de reconnaitre qu’elle s’entend bien avec sa mère - curieusement, cela parait une forme de trahison, du moins c’était le cas chez d’autres femmes de ma génération. Afin d’entrer dans la société des femmes, d’être adultes, nous traversons une  période où nous nous vantons fièrement d’avoir survécu à l’indifférence, de notre mère, à sa colère, à son amour écrasant, au fardeau de son chagrin, à sa propension à picoler ou au contraire à ne pas toucher une goutte d’alcool,   sa chaleur ou à sa froideur, à ses éloges ou à  ses critiques, à ses désordres sexuels ou au contraire à sa dérangeante transparence. Il n’est pas suffisant qu’elle ait transpiré, enduré les douleurs du travail, donné naissance à ses filles en hurlant ou sous anesthésie locale ou les deux. Non. Elle doit être tenue reposnsable de nos faiblesses psychiques pour le restant de ses jours. Il n’y a pas de mal à se sentir proche de son père, à pardonner. Nous le savons toutes. Mais la mère est contrainte à un tel niveau qu’il n’y a plus de règles. Elle doit tout simplement être accusée."

Ce qui a dévoré nos coeurs de Louise Erdrich

Louise Erdrich est une écrivaine américaine, figure de la littérature indienne, elle milite d'ailleurs pour la renaissance de la culture amérindienne. Ce n'est pas la première fois que je la croise dans mes lectures, mais c'est la première fois que je la lis. 

C'est une histoire de deuil et d'amour, et de ce qui se transmet d'une génération à une autre sans savoir, le bon comme la malédiction. C'est une histoire où les femmes se soutiennent, s'entraident et s'en sortent. De légendes indiennes qui resurgissent sans qu'on comprenne prosaïquement ce qu'il se passe, mais qu'on accepte comme un fait, pas comme un phénomène.

L'écriture est belle, et me fait l'effet d'un carré de chocolat à sucer lentement. Chaque mot compte, chaque phrase a plusieurs niveaux de sens, et je me suis régalée à relire plusieurs fois certains paragraphes pour m'en repaitre (sans danger!).

Quand aux mères, les nôtres et celles que nous sommes, il y aurait tant de choses à dire...

Je me contenterais de dire que c'est aussi ce que nous en faisons, que ce soit un cadeau ou une malédiction.

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