dimanche 26 août 2018

Regarder passer l'été #6 - lectures féministes

lecture de voyage

Dans mes lectures de l'été : Journal d'Irlande, Carnet de pêche et d'amour de Benoite Groult.
Citée partout, tout le temps comme une femme d'avant garde "une féministe".
Elle est probablement une pionnière, elle y a réfléchi, elle a écrit dessus et elle a beaucoup de mérite à être arrivée là où elle est arrivée avec le compagnon qu'elle a eu! Un vrai boulet, un vrai patriarche.
Pas du tout une vie de "féministe" : pas de symétrie dans le couple qu'elle formait avec Paul Guimard, pas plus avec son amant qui était dans l'excès inverse (à son service). 
C'est comme ça qu'elle atteignait l'équilibre probablement : en moyennant les deux extrêmes.

J'aime beaucoup ses romans, son carnet m'a étonné en dévoilant une femme encore "soumise" par certains aspects, en tout cas pas aussi libre que ce qu'elle écrit pour et sur les femmes dans ses livres, essais et articles.
Son écriture est concise (c'est un carnet), et relevée, directe parfois abrupte.
J'ai de nouveau envie d'aller en Irlande, j'ai presque envie d'avoir une maison là-bas après avoir lu ses pages. 
J'ai besoin de plusieurs vies pour aller m'installer partout où ce que je lis me donne envie de vivre.

Elle parle d'Elisabeth Badinter (plus jeune de 24 ans) :
" Elisabeth lit sans cesse. Ne se baigne pas avec Robert. Refuse la moindre promenade et même le moindre pas ! Reste dans sa chaise longue avec le journal de Cocteau. Je l'ai vue récemment sur TF1. Elle me réjouit : ma relève est assurée, ô combien. Elle énonce des énormités, avec des yeux si clairs et son visage si pur que les gens sont pris à contrepried. Elle est le contraire d’une sorcière : ils ne se méfient pas. Elle est pire pourtant ! Quand elle sourit, soudain elle est délicieuse. Et elle vous annonce que les femmes ont maintenant appris à se passer des hommes, pour faire des enfants et même les élever et que c’est bien plus agréable que de les supporter, quand on ne les estime plus."
Journal d’Irlande – Benoite Groult

En parallèle, je lis le numero special des Inrock "Littératures féministes", et je découvre (pardon!) les féministes américaines. Notamment Nancy Fraser, qui a déplacé le sujet du  féminisme sur le terrain de la justice sociale : son obsession est de "comprendre la société en totalité, de manière structurelle" et s'intéresse alors la reconnaissance et la rétribution.
Selon Nancy Fraser " le modèle statutaire repose sur l'idée que ce qui mérite reconnaissance ce ne sont pas les identités de groupe, mais la position égale des partenaires dans l'interaction", qu'elle nomme "parité de participation".
Point de vue passionnant, que je vais creuser de ce pas, d'abord en regardant les vidéos de Nancy Fraser (youTube, j'ai enfin fait des playlist à regarder - quelle femme connectée je deviens!) et en allant de ce pas commander son livre phare traduit en français le féminisme en mouvement.

La parité de participation, un concept qui à mon avis s'applique partout : dialogue social dans l'entreprise, démocratie sociale, ou tout lieu où il doit y avoir discussion et négociation (c'est à dire participation de plusieurs parties prenantes).
Découverte de l'été!


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